jeudi, février 22, 2007

N°220 - Journal de Palestine -Special dossier- 22-02

2 Les brèves
2-1 Agence de presse palestinienne Ma'an : Sommet de Jérusalem : Rice a dû empêcher Abbas de claquer la porte.
2-2 Le Hamas invite les USA et le Quartet à assouplir leur position
3 Dossier
3-1 Point de Vue de John V. Whitbeck : Au sujet du “droit d'Israël d'exister”.
3-2 Point de vue de Uri Avnery : Israël, La Provocation, élevée au rang de méthode du gouvernement.
3-3 Point de vue de Alain Gresh : Le Hamas est-il sorti vainqueur du sommet de La Mecque ?.
3-4 Point de vue de Azmi Bishara : Plutôt que l’apaisement.
3-5 Point de vue de Amira Hass : la Bande de Gaza, c’est à l’étranger
4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net
4-1 Gideon Lévy : Des enfants de l’âge de Taïr.
4-2 Aloufoc : Le sommet de Jérusalem s’achève sur de vagues promesses.
4-4 Olivia Zemor : La situation est toujours aussi inquiétante en Palestine.
5 Annexe
5-1 Discours de Nicole Borvo au CRIF. & commentaire de Marco Gentilly.
2 Les brèves
Ndlr : PS : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information2-1 Agence de presse palestinienne Ma'an : Sommet de Jérusalem : Rice a dû empêcher Abbas de claquer la porte.Le président palestinien Mahmoud Abbas a décrit le sommet tripartite quis'est tenu lundi dernier à Jérusalem (1) comme "tendu et difficile", mais non comme un échec. S'adressant à l'agence jordanienne de presse, il adéclaré qu'Israël avait peut-être mal compris l'accord de La Mecque : "Nous avons informé Israël que cet accord était de l'intérêt du peuplepalestinien."En revanche, certaines sources bien informées ont affirmé au quotidien londonien en arabe Al-Hayat qu'Abbas "avait été surpris quand Olmert a explosé durant le sommet en l'accusant de s'allier avec le Hamas contre Israël." Ces mêmes sources ont ajouté : "Olmert a demandé à Abbas de garantir que le Fatah ne participerait pas au gouvernement." Abbas aurait refusé cette exigence. Selon Al-Hayat, "Abbas a voulu quitter la réunion, mais Condoleezza Rice l'a fait revenir."Ces sources rapportent encore qu'Abbas a dit à Olmert qu'il ne renoncerait pas à former un gouvernement d'union nationale car "c'est la seule garantie pour préserver le front intérieur, et cela ne concerne pas Israël."Sur le même sujet, un autre quotidien londonien en arabe, Ash SharqAl Awsat', cite des sources israéliennes qui affirment : "Olmert a exprimé de la colère à l'égard de l'accord de La Mecque et a accusé Abbas de tromperie." Le quotidien ajoute qu'Abbas a promis à Olmert que le programme politique du nouveau gouvernement de coalition inclurait l'acceptation del'initiative arabe [saoudienne] qui comprend elle-même la reconnaissance d'Israël. A ce moment, Olmert a explosé et a dit : "Abou Mazen, j'en ai assez de vos promesses là-dessus", ce à quoi Abbas a répondu, lui aussi en colère : "C'est moi qui ne peux pas digérer vos promesses. Vous n'en avezappliqué aucune, même pas sur les check points dans les territoires, qui n'ont pas été levés et dont le nombre n'a pas diminué. Au lieu de donner de l'espoir aux Palestiniens, vous nous étranglez encore plus, et cela va nousfaire exploser." (1) Sur l'échec prévisible de ce sommet (quoi qu'en dise Abbas, mais quepeut-il dire d'autre?), voir notre article "Un sommet pour quoi faire?" :
a'an, 21 février 2007www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=19732www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=19732http://www.lapaixmaintenant.org/article1531Trad. : Gérard pour La Paix MaintenantArticle diffusé par Balanced Middle East NewsMidEastweb http://www.mideastweb.org/
2-2 Le Hamas invite les USA et le Quartet à assouplir leur position.
Le Hamas invite les Etats-Unis à clarifier et assouplir leur position vis-à-vis du futur cabinet d’unité nationale que le président palestinien Mahmoud Abbas a chargé le Premier ministre sortant Ismaïl Haniyeh de former, aux termes de l’accord conclu à La Mecque.
"La position américaine reste trouble : un coup c’est une menace de boycottage, un autre c’est ’wait and see’", a estimé Ghazi Hamad, porte-parole de Haniyeh, qui compte former son nouveau cabinet d’ici trois semaines. "Peut-être auront-ils une position plus claire une fois que le gouvernement sera mis sur pied et nous espérons qu’elle sera plus logique et plus souple."
L’accord de La Mecque, que le président Abbas a du mal à "vendre" aux Etats-Unis car il n’implique pas directement une reconnaissance d’Israël par le nouveau gouvernement, le Hamas s’y refusant obstinément, a privé Condoleezza Rice des fruits attendus du sommet israélo-palestinien qu’elle a organisé lundi à Jérusalem.
"Les questions soulevées par l’accord" ont été évoquées lors de cette rencontre entre Abbas, Ehud Olmert et Rice, mais le communiqué final s’en tient à la position du Quartette de médiateurs internationaux formé par les Etats-Unis, l’Onu, l’Union européenne et la Russie.
Cette position signifie, dit le communiqué commun publié après ce sommet à trois, que "tout gouvernement relevant de l’Autorité palestinienne" devra reconnaître le droit d’Israël à l’existence, renoncer à la violence et accepter les accords et obligations existants.
A La Mecque, le Hamas semble s’être seulement engagé auprès d’Abbas à "respecter" les arrangements passés avec Israël - donc les accords d’autonomie conclus en 1993 à Oslo, qui consacrent une reconnaissance mutuelle entre l’Etat juif et l’OLP, dont le mouvement islamiste ne fait pas partie.
Avant le sommet de Jérusalem, Rice avait démenti que les Etats-Unis aient a priori décidé de boycotter le futur gouvernement palestinien et précisé qu’ils attendraient sa formation. "Mais nous avons dit qu’il devait y avoir un engagement en faveur des principes du Quartette et c’est sur cette base que nous jugerons ce gouvernement", avait-elle ajouté.
Olmert a affirmé pour sa part lundi que les Etats-Unis et Israël étaient d’accord pour boycotter le futur gouvernement si celui-ci ne satisfaisait pas à ces trois exigences. Israël exige en outre la libération du caporal Gilad Shalit, capturé en juin par des activistes de trois factions palestiniennes, dont le Hamas.
"Il ne revient ni à l’administration américaine, ni à Israël de définir l’ordre du jour de notre gouvernement", a rétorqué mardi Haniyeh, tout en disant avoir bon espoir de régler le cas de Shalit d’ici à la formation du cabinet.
"Nous avons conclu un accord entre nous et nous agirons en fonction des intérêts palestiniens", a ajouté Haniyeh, qui s’adressait au Conseil législatif palestinien après avoir été informé la veille au soir au téléphone par Abbas du résultat du sommet de Jérusalem.
Le président palestinien a entrepris une tournée de pays européens et arabes pour "expliquer l’accord aux dirigeants mondiaux" et "tenter d’obtenir" la levée du blocus financier et de l’isolement imposés par l’Occident lors de l’arrivée du Hamas au gouvernement, il y a un an, a déclaré un porte-parole du Fatah d’Abbas.
Parallèlement, le Hamas, le Fatah et d’autres factions ont entamé des tractations pour mettre sur pied le gouvernement d’union mais, reprochant au Hamas d’avoir fait volte-face au sujet des accords d’Oslo, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a annoncé qu’il n’y participerait pas.
http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=3708
3 Dossier
Ndlr : PS : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information
3-1 Point de Vue de John V. Whitbeck : Au sujet du “droit d'Israël d'exister”.
Ce qui est demandé est un jugement moral Maintenant qu'une guerre civile, recherchée depuis longtemps par Israël, les Etats-Unis et l'Union Européenne, est sur le point d'éclater, il est temps d'examiner la justification mise en avant par Israël, les Etats-Unis et l'Union Européenne de la punition collective infligée au peuple palestinien en représailles à son « mauvais » choix lors des élections démocratiques de janvier dernier – c'est-à-dire le refus du Hamas de « reconnaître Israël » ou de « reconnaître l'existence d'Israël » ou de « reconnaître à Israël le droit d'exister ».
Ces trois formulations ont été utilisées de façon interchangeable par les médias, les politiciens et même les diplomates, comme si elles signifiaient la même chose. Ce qui n’est pas le cas.“Reconnaître Israël” ou n’importe quel autre Etat est un acte officiel légal/diplomatique par un Etat envers un autre Etat. Il est inapproprié – et même absurde – de parler d’un parti ou d’un mouvement politique, même appartenant à un Etat souverain, qui donnerait reconnaissance diplomatique à un Etat. Parler de la «reconnaissance d’Israël» par le Hamas est tout simplement nul, un raccourci trompeur qui sème la confusion sur la demande réelle qui est faite.“Reconnaître l’existence d’Israël” n’est pas un non-sens logique et implique, à première vue, la reconnaissance manifeste d’un fait de la vie – comme la mort et les impôts. Pourtant, cette formulation comporte de sérieux problèmes pratiques. Quel Israël, à l’intérieur de quelles frontières, cela concerne-t-il ? - Les 55% de la Palestine historique recommandés pour un Etat juif par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 1947 ? - Les 78% de la Palestine historique occupés par Israël en 1948 et considérés maintenant partout dans le monde comme « Israël », ou « territoire israélien » (« Israël proper » en anglais) ?- Les 100% de la Palestine historique occupés par Israël depuis juin 1967 et montrés comme étant « Israël » sur les cartes des livres de classe israéliens ? Israël n’a jamais défini ses propres frontières, puisque le faire le limiterait nécessairement. Cependant, si c’est tout cela qui était demandé au Hamas, il lui serait possible de reconnaître, comme un fait avéré, qu’un Etat d’Israël existe aujourd’hui à l’intérieur de quelques frontières spécifiées.“Reconnaître à Israël le droit d’exister”, la demande réelle, est d’un niveau totalement différent. Cette formulation ne concerne pas des formalités diplomatiques ou une simple acceptation de réalités présentes. Elle appelle un jugement moral.Il y a une différence ENORME entre « reconnaître l’existence d’Israël » et « reconnaître à Israël le droit d’exister ». D’un point de vue palestinien, la différence est de même niveau que de demander à un Juif de reconnaître que l’Holocauste a eu lieu et lui demander de reconnaître qu’il était « juste » que l’Holocauste ait eu lieu – que l’Holocauste (ou, dans le cas des Palestiniens, la Nakba) était moralement justifié.Demander aux Palestiniens de reconnaître « à Israël le droit d’exister », c’est demander à des gens qui ont été traités, depuis presque 60 ans, et continuent d’être traités, comme des sous-hommes de proclamer publiquement qu’ils SONT des sous-hommes – et, au moins implicitement, qu’ils méritent ce qui a été fait, et continue d’être fait contre eux. Même les gouvernements US du 19ème siècle n’ont pas demandé aux Natifs américains survivants de proclamer publiquement la « justesse » de leur nettoyage ethnique par les Visages Pâles comme préalable à toute discussion sur la réserve dans laquelle ils seraient enfermés – sous blocus économique et menace de famine jusqu’à ce qu’ils perdent tout ce qui leur reste de fierté et concèdent ce point.Certains croient que Yasser Arafat a accepté cette reconnaissance pour en finir avec la sauvagerie de la diabolisation et gagner le droit d’être sermonné directement par les Américains. En fait, dans sa fameuse déclaration de Stockholm en 1988, il a accepté « le droit à Israël d’exister en paix et en sécurité ». Cette formulation, d’une manière significative, concerne les / conditions / de l’existence d’un Etat qui, de fait, existe. Elle n’implique pas la question existentielle de la « justesse » de la dépossession et de la dispersion du peuple palestinien de sa terre natale pour faire de la place à un autre peuple venu de l’étranger.L’invention de la formulation “droit à Israël d’exister" et son utilisation comme excuse pour ne discuter avec aucun gouvernement palestinien qui défendrait les droits fondamentaux du peuple palestinien, est attribuée à Henry Kissinger, le grand maître ès-cynisme diplomatique. On peut douter que les Etats qui continuent à utiliser cette formulation le fassent en pleine conscience de ce qu’elle sous-entend, moralement et psychologiquement, pour le peuple palestinien et dans le même but cynique – une sorte de barrage empêchant toute avancée vers la paix et la justice en Israël/Palestine et une manière de donner encore plus de temps à Israël pour créer des situations irréversibles et blâmer en même temps les Palestiniens pour leurs propres souffrances.Cependant, de nombreux citoyens honnêtes et de bonne volonté peuvent se laisser tromper par la simplicité superficielle des mots « le droit à Israël d’exister » (et encore plus aisément par les deux autres raccourcis) et croire qu’ils constituent une demande raisonnable et évidente, et que le fait de refuser une telle demande raisonnable est certainement un signe de perversité (ou d’ « idéologie terroriste ») plutôt que la nécessité de se raccrocher au respect de soi-même et à la dignité comme des êtres humains à part entière, ce que ressentent profondément et comprennent parfaitement, du fond de leurs coeurs et de leurs esprits, des gens trompés depuis longtemps qu’on a dépouillés de presque tout ce qui fait que la vie vaut le coup d’être vécue.Ceci est avéré par les sondages montrant que le pourcentage de Palestiniens qui approuvent la fermeté du Hamas et son refus de plier devant cette demande humiliante de l’ennemi, malgré l’intensité des souffrances et douleurs économiques infligées par le siège israélien et occidental, dépasse de façon significative le pourcentage de population qui a voté pour le Hamas en janvier dernier.Il n’est peut-être pas trop tard pour que les esprits honnêtes de par le monde attirent l’attention sur le caractère déraisonnable – et même immoral - de cette demande et sur la formulation verbale qui la sous-tend, dont l’utilisation abusive a déjà causé tellement de souffrances et menace d’en causer encore bien d’autres.
par John V. Whitbeck
Février 2007
John V. Whitbeck, avocat international, est l'auteur de "The World According to Whitbeck" (“Le monde selon Whitbeck”).
Sources Alter Info
Posté par Adriana Evangelizt
3-2 Point de vue de Uri Avnery : Israël, La Provocation, élevée au rang de méthode du gouvernement.
On n'a rien à attendre d'Olmert le corrompu, marionnette du Haut-Sionistan, pervers et perverti, menteur et hypocrite, ne se complaisant que dans les manigances et les basses oeuvres et manoeuvres. Ce n'est pas avec un dirigeant de cet acabit que les choses pourront s'améliorer en Palestine. D'ailleurs, depuis qu'il s'est assis sur le trône de Sharon, on a pu constater l'horreur qu'il a fait régner tant au Liban qu'en Palestine.
Adriana Evangelizt
La folie pour méthode
QUAND un Premier ministre vient de perdre une guerre, est poursuivi par des affaires de corruption et voit sa popularité descendre en chute libre, que peut-il faire ?
Eh bien, il peut faire des provocations.
Une provocation détourne l’attention, occupe les gros titres, crée l’illusion de la puissance, donne l’impression que l’on mène le jeu.
Mais une provocation est un instrument dangereux. Elle peut provoquer des dégâts irréversibles.
PROVOCATION N°1 : La frontière nord.
Le long de la frontière nord, il y a une clôture. Mais celle-ci ne coïncide pas exactement avec la frontière reconnue (appelée Ligne bleue). Pour des raisons topographiques, des sections de la barrière passent à quelques dizaines de mètres au sud.
Telle est la situation en théorie. Au cours des années, les deux côtés ont pris l’habitude de considérer la clôture comme la frontière. Côté libanais, les villageois cultivent les champs jusqu’à la barrière, champs qui peuvent bien leur appartenir.
Maintenant, Ehoud Olmert a décidé de tirer profit de la situation et de s’affirmer comme un grand et invincible guerrier. Des explosifs récemment trouvés à quelques mètres de la Ligne bleue servent de prétexte. L’armée israélienne affirme qu’ils ont été mis là il y a quelques jours à peine par des combattants du Hezbollah déguisés en chevriers. Selon le Hezbollah, ce sont de vieilles bombes qui se trouvent là depuis avant la dernière guerre.
Olmert envoya des soldats au-delà de la clôture pour ouvrir une « Hissuf » (« zone d’exposition ») - un de ces nouveaux mots hébreu inventés par le service de « blanchiment de la langue » de l’armée pour embellir les choses laides. Cela signifie le déracinement de tous les arbres, afin de dégager la vue et de faciliter les tirs. L’armée a utilisé l’arme qui est la marque de fabrique de l’Etat d’Israël : le bulldozer blindé.
L’armée libanaise a prévenu qu’elle ouvrirait le feu. Quand il s’est avéré que cet avertissement n’avait aucun effet, elle tira vraiment plusieurs salves au-dessus de la tête des soldats israéliens. L’armée israélienne riposta par plusieurs obus de chars sur la position libanaise. Et voilà, nous avons notre « incident ».
Toute cette affaire rappelle beaucoup les méthodes d’Ariel Sharon dans les années 60, quand il était chef des opérations du commandement nord. Sharon est devenu expert en provocations de l’armée syrienne dans les zones démilitarisées qui existaient sur la frontière entre les deux pays à l’époque. Israël revendiquait la souveraineté sur ces zones, alors que les Syriens affirmaient qu’elles constituaient une zone neutre n’appartenant à aucun des deux Etats et dans laquelle les fermiers arabes, qui possédaient la terre, avaient le droit de cultiver leurs champs.
Selon la légende, les Syriens ont mis à profit leur contrôle sur les hauteurs surplombant les villages israéliens dans la vallée. Sans arrêt, les méchants Syriens (les Syriens étaient toujours « méchants ») terrorisaient par des tirs d’obus les pauvres habitants des kibboutz sans défense. Ce mythe, auquel croyaient pratiquement tous les Israéliens à l’époque, a servi à justifier l’occupation des hauteurs du Golan et leur annexion par Israël. Encore aujourd’hui, les visiteurs étrangers sont conduits à un poste d’observation sur les hauteurs du Golan et on leur montre les kibboutz sans défense en contrebas.
La vérité, qui a été dévoilée depuis lors, est quelque peu différente : Sharon avait l’habitude d’ordonner aux habitants des kibboutz de descendre dans leurs abris, et il envoyait un tracteur blindé dans la zone démilitarisée. Comme prévu, les Syriens tiraient sur lui. L’artillerie israélienne, qui n’attendait que ce signal, ouvrait alors un bombardement massif sur les positions syriennes. Il y a eu des dizaines de tels « incidents ».
Maintenant, la même méthode est en train d’être pratiquée par le successeur de Sharon. Des soldats et des bulldozers entrent dans la zone, les Libanais tirent, les chars israéliens les bombardent.
Cette provocation a-t-elle un sens politique ? Car enfin, l’armée libanaise riposte au nom de Fouad Siniora, le chouchou des Etats-Unis et l’adversaire du Hezbollah. Au lendemain de la seconde guerre du Liban, cette armée fut déployée le long de la frontière, à la demande expresse du gouvernement israélien, et cela fut annoncé par Olmert comme un énorme résultat israélien. (Jusqu’alors, les commandants de l’armée israélienne étaient vigoureusement opposés à l’idée de faire stationner des troupes libanaises ou internationales dans cette zone, sur des terrains où cela pourrait contrarier leur liberté d’action).
Alors, quel est le but de cette provocation ? Le même que dans toutes les actions récentes d’Olmert : gagner en popularité pour survivre au pouvoir, dans ce cas en créant des tensions.
PROVOCATION N°2 : Le Mont du Temple.
L’Islam a trois villes saintes. La Mecque, Médine et Jérusalem. A La Mecque cette semaine, les chefs du Fatah et du Hamas se sont réunis pour mettre fin aux tueries et pour mettre en place un gouvernement d’union. Pendant que l’attention de l’opinion palestinienne concernée était captivée par cet événement, Olmert frappait Jérusalem.
La « Porte des Maghrébins » servit de prétexte. C’est une entrée pour le Haram al-Sharif (« le Grand sanctuaire »), vaste place où se trouvent la mosquée al-Aqsa et le Dôme du rocher. Comme cette porte est plus haute que la zone du Mur occidental en-dessous, on ne peut l’approcher qu’en passant sur un pont incliné ou une passerelle.
Le vieux pont s’est écroulé il y a quelque temps. Il a été remplacé par une structure provisoire. Aujourd’hui l’« Autorité des Antiquités israéliennes » est en train de détrruire le pont provisoire pour mettre à sa place - c’est du moins ce qui est dit - un pont permanent. Mais le travail semble beaucoup plus conséquent.
Comme on pouvait s’y attendre, des échauffourées se sont immédiatement produites. En 1967, Israël a annexé formellement ce lieu et revendiqué sa souveraineté sur l’ensemble du Mont du Temple. Les Arabes (et le monde dans son ensemble) n’ont jamais reconnu cette annexion. Dans la pratique, le Mont du Temps est géré par le Waqf islamique (fondation religieuse).
Le gouvernement israélien prétend que le pont ne fait pas partie du Mont du Temple. Les Musulmans affirment que le pont en fait partie. Derrière cette bataille, il y a un vague soupçon arabe que l’installation du nouveau pont n’est qu’une couverture et qu’il y a quelque chose en dessous.
A la conférence de Camp David en 2000, les Israéliens ont fait une proposition qui semblait bizarre : laisser la zone elle-même aux Musulmans mais avec une souveraineté israélienne sur le sous-sol. Cela a renforcé la croyance des musulmans que les Israéliens avaient l’intention de creuser sous le Mont, afin d’y retrouver des traces du temple juif détruit par les Romains il y a 1.936 ans. Certains croient que la véritable intention était de provoquer l’écroulement des Lieux Saints islamiques afin d’ y construire à leur place un nouveau temple.
Ces soupçons sont entretenus par le fait que la plupart des archéologues israéliens ont toujours été les serviteurs loyaux de la propagande officielle. Depuis l’émergence du sionisme moderne, ils se sont engagés dans une entreprise désespérée pour « trouver » la preuve archéologique de la vérité historique des histoires de l’Ancien Testament. Jusqu’à maintenant, ils sont bredouilles : il n’existe aucune preuve archéologique de l’exode d’Egypte, de la conquête de Canaan et des Royaume de Saul, David et Salomon. Mais dans leur impérieux désir de prouver l’improuvable (parce que dans l’opinion de la grande majorité des archéologues et du historiens hors d’Israël - et aussi de quelques-uns en Israël - les histoires de l’Ancien testament ne sont que des mythes sacrés), les archéologues ont détruit de nombreuses strates des autres périodes.
Mais cela n’est pas le plus important. On peut discuter à l’infini sur la responsabilité sur le sentier des Maghrébins ou sur ce que les archéologues cherchent. Mais il n’y a pas de doute que ceci est une provocation. Elle a été conduite comme une opération militaire surprise, sans consultation avec l’autre partie.
Personne ne pouvait mieux qu’Olmert savoir à quoi s’attendre. Celui-ci, en tant que maire de Jérusalem, fut responsable de la mort de 85 êtres humains - 69 Palestiniens et 16 Israéliens - dans une provocation semblable quand il a « ouvert » un tunnel près du Mont du Temple. Et tout le monde se souvient, bien sûr, que la seconde Intifada a commencé avec la « visite » provocatrice au Mont du Temple d’Ariel Sharon.
C’est une provocation contre 1,3 milliard de musulmans, et particulièrement contre le monde arabe. C’est un coup de poignard dans le dos du « modéré » Mahmoud Abbas, avec lequel Olmert prétend être prêt à avoir un « dialogue » - et ceci au moment même où Abbas est parvenu à un accord historique avec le Hamas pour la formation d’un gouvernement d’union nationale. C’est aussi un coup de poignard dans le dos du roi de Jordanie, allié d’Israël, qui se considère comme le protecteur traditionnel du Mont du Temple.
Dans quel but ? Pour prouver qu’Olmert est un dirigeant fort, le héros du Mont du Temple, le défenseur des valeurs nationales, qui n’a rien à faire de l’opinion publique mondiale.
PROVOCATION N° 4 : Après la condamnation d’Haïm Ramon pour conduite indécente, le poste de ministre de la Justice est devenu vacant. Par surprise, après avoir créé la confusion en dévoilant les noms des candidats acceptables, Olmert a nommé à ce poste un professeur qui est l’ennemi ouvert et déclaré de la Cour suprême et de l’avocat général.
La Cour suprême est presque la seule institution gouvernementale en Israël qui jouisse encore de la confiance de la grande majorité de la population. Le dernier président de la Cour, Aharon Barak, m’a dit un jour : « Nous n’avons pas de troupes. Notre pouvoir n’est basé que sur la confiance des gens. » Aujourd’hui, Olmert a nommé un ministre de la Justice engagé depuis longtemps et très visiblement, à détruire cette confiance. Il semble vraiment que ce soit son seul intérêt dans la vie, surtout depuis qu’il n’a pas réussi à faire nommer à la Cour Suprême une professeure, amie proche.
On peut percevoir dans tout ceci la volonté d’Olmert, politicien qui traîne derrière lui toute une série d’affaires de corruption (dont plusieurs sont actuellement en cours d’enquête de la police et des contrôleurs d’Etat) de mettre les bâtons dans les roues aux enquêteurs, à l’avocat général et aux tribunaux. Cette provocation sert également à se venger du tribunal qui a osé condamner Ramon, son ami et allié. Olmert n’a bien sûr pas consulté qui que ce soit dans le système judiaire, ni l’avocat général (dont le titre officiel est « conseiller juridique du gouvernement ») ni le président de la Cour suprême, Dorit Beinish, qu’il ne peut pas supporter.
Je ne suis pas un admirateur béat de la Cour suprême. C’est un rouage dans la machinerie de l’occupation. On ne peut pas compter sur elle pour les questions comme les assassinats ciblés, le mur de séparation, la démolition de maisons palestiniennes et les mille et un autres cas sur lesquels flotte la fausse bannière de la « sécurité ». Mais elle est le dernier bastion des droits de l’homme à l’intérieur d’Israël même.
La nomination du nouveau ministre est un coup porté à la démocratie israélienne, et donc pas moins dangereuse que les deux autres provocations.
QEST-CE LES TROIS provocations ont en commun ? Tout d’abord : leur caractère unilatéral. Quarante ans d’occupation ont créé une mentalité d’occupation qui détruit tout désir et toute possibilité de résoudre les problèmes par compréhension mutuelle, dialogue et compromis.
Tant dans les affaires étrangères qu’à l’intérieur, les méthodes de la mafia règnent : violence, coups fourrés, éliminations.
Quand ces méthodes sont utilisées par un politicien hanté par les affaires de corruption, un belliciste invétéré qui se bat par tous les moyens possibles pour survivre, c’est vraiment une situation très dangereuse.
par Uri Avnery
18 Février 2007
Traduit de l’anglais « The Method in the Madness » : RM/SW]
Sources Europalestine
Posté par Adriana Evangelizt
3-3 Point de vue de Alain Gresh : Le Hamas est-il sorti vainqueur du sommet de La Mecque ?.
Après plusieurs semaines d’affrontements, le Hamas et le Fath sont arrivés à un accord pour mettre un terme aux combats, pour créer un gouvernement d’union nationale et pour tenter de rénover l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), dont le Hamas est, pour l’instant, exclu. Cet accord a été signé dans la nuit du 8 au 9 février à La Mecque sous l’égide du roi Abdallah d’Arabie saoudite, dont l’activisme diplomatique est à remarquer, aussi bien au Liban que sur le dossier irakien. L’accord est fondé sur deux textes : la lettre de Abou Mazen chargeant Ismaïl Haniyeh de former le gouvernement et que j’ai publiée sur ce blog ; le document d’entente nationale (voir sur ce blog « incertitudes sur la levée du blocus en Palestine », élaboré à partir du document des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes et ratifié par les deux organisations en juin 2005.
Dans un long entretien à la télévision saoudienne Al-Ikbariyya, en date du 12 février, Khaled Meshal, dirigeant du Hamas revient sur cet accord (on trouvera le texte anglais en intégral en document joint à cet envoi). Il déclare : « Nous n’avons pas seulement besoin d’un gouvernement d’unité nationale, mais nous avons besoin de plus, d’un partenariat réel sur le terrain, sur la politique, sur les positions que nous défendons et dans les responsabilités que nous assumons, en particulier parce que nous sommes encore au stade de la libération nationale et de la confrontation avec l’occupation... »
Sur le programme politique du gouvernement, Meshal affirme que « n’est pas le programme d’une faction particulière. Ni celui du Fath ni celui du Haas, ni un autre programme, mais le gouvernement sera basé sur un programme politique qui est le dénominateur commun de toutes les factions ». « Chaque faction a ses convictions, mais, comme gouvernement d’union nationale, nous nous sommes mis d’accord sur ses bases politiques et celles-ci définissent nos but nationaux et ce à quoi nous aspirons, un Etat palestinien dans les frontières du 4 juin 1967. » Cette affirmation est très importante, et elle confirme l’évolution du Hamas, malgré son refus de reconnaître formellement l’Etat d’Israël (sur ce problème, on pourra lire l’excellent article de Paul Delmotte paru dans le numéro de janvier du Monde diplomatique et intitulé « Le Hamas et la reconnaissance de l’Etat d’Israël. »
Ce pas en avant du Hamas est reconnu par le journaliste Zvi Bar’el, dans Haaretz du 11 février, « Khaled Meshal for president » (Khaled Meshal comme président). Bar’el note que « Israël fait face à une nouvelle réalité palestinienne, une réalité dans laquelle le Hamas est un partenaire essentiel puisqu’il a fait un pas significatif vers la reconnaissance d’Israël ». « Il devient de plus en plus clair à Abou Mazen, mais aussi à l’Arabie saoudite et à l’Egypte, que désormais chaque décision palestinienne sera soumise au veto ou à l’accord de Khaled Meshal. Si, jusqu’à présent, Meshal était uniquement capable de donner le ton des décisions du Hamas, à partir de maintenant Abbas et Meshal devront se coordonner sur le terrain. Le pouvoir de Meshal grandira encore si les deux parties avancent sur des discussions pratiques autour de la réorganisation de l’OLP. »
Pour la droite israélienne comme pour les Etats-Unis, il est évident que le Hamas est le grand gagnant de l’accord. « Why Hamas came out clear winner from Mecca summit » (pourquoi le Hamas est le grand vainqueur du sommet de La Mecque), tel est le titre d’un article de Khaled Abu Toameh, dans The Jerusalem Post du 11 février. Il note notamment que le sommet de La Mecque a renforcé le rôle du Hamas comme une force politique majeure au Proche-Orient. Il se termine par cette curieuse remarque : « L’accord n’appelle à effectuer aucun changement dans le conseil législatif dominé par le Hamas. Cela signifie que le gouvernement d’unité sera en permanence sous la menace de perdre un vote de confiance si le Hamas n’approuve pas sa politique. » Le journaliste suggère-t-il que la composition du conseil, définie par les électeurs au scrutin de janvier 2005 aurait dû être changée sans consulter la population ?
« U. S. the Big Loser in the Mecca Deal ? » (Les Etats-Unis sont-ils le grand perdant dans l’accord de La Mecque ?) s’interroge Elaine Shannon dans le Time. Dans ce texte, Martin Indyk, ancien ambassadeur américain en Israël affirme que l’accord est un « immense embarras » pour Rice ; il poursuit en disant que ce texte n’est pas à ce à quoi pensait l’administration américaine : « Ils espéraient que Abou Mazen, soutenu par l’Egypte et l’Arabie saoudite, avancerait sur la voie de l’exclusion du Hamas. Ils ne s’attendaient pas à un compromis avec le Hamas. Ils ne voulaient pas ce compromis et ils ne pensaient pas que celui-ci était nécessaire. » Surtout, Indyk pense, à juste titre me semble-t-il, que l’accord s’inscrit contre les efforts de l’administration Bush de forger une solide alliance des pays modérés arabes, dirigée notamment contre l’Iran.
La cacophonie des réactions des membres du Quartet est significative. Alors que les Etats-Unis ont réitéré leurs exigences (reconnaissance d’Israël, arrêt de la violence - par les Palestiniens seulement ! – et acceptation des accords déjà signés), la Russie, selon une dépêche de l’AFP du 9 février, « a salué vendredi l’accord entre les mouvements palestiniens Fatah et Hamas sur la formation d’un gouvernement d’union nationale et invité le Quartette à discuter dans ce nouveau contexte d’une levée du "blocus" économique imposé aux Palestiniens. "Moscou salue l’accord sur la formation d’un gouvernement d’union nationale", a déclaré le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Kamynine, cité par les agences russes. "Nous estimons que seule une telle voie peut conduire à la stabilisation dans les territoires palestiniens et autour d’eux", a-t-il ajouté, selon Itar-Tass. Moscou a estimé que le Quartette (Etats-Unis, Union Européenne, Russie et ONU) devrait étudier attentivement cet accord et discuter de la question du "blocus" économique, alors que le gouvernement du Hamas est privé d’aides financières par les Etats-Unis et l’UE depuis sa prise de fonctions en mars 2006 ».
Selon un dépêche de l’AFP du 10 février, « Jacques Chirac a estimé samedi, dans un entretien téléphonique avec le roi Abdallah d’Arabie saoudite, que l’accord entre le Fatah et le Hamas sur un gouvernement d’union "doit recevoir le plein soutien de la communauté internationale", a rapporté l’Elysée. Le président Chirac a "chaleureusement félicité" le roi pour l’accord "conclu sous son égide", jeudi à La Mecque, par le président Mahmoud Abbas, du Fatah, et le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, et "a exprimé l’espoir que cet accord mette fin aux affrontements entre Palestiniens". Il "a estimé que l’accord, qui constitue un premier pas dans la prise en compte des principes du Quartette, doit recevoir le plein soutien de la communauté internationale" ».
En attendant sa réunion du 22 février à Berlin, « le Quartet réserve son jugement. ». On en saura un peu plus avec la réunion Olmet-Abou Mazen-Rice le 19 février.
Quoiqu’il en soit, les Palestiniens sortent renforcés de cet accord. Même si beaucoup d’obstacles demeurent à sa mise en oeuvre, le texte signé a mis fin aux combats fratricides et créé les bases d’une unité des Palestiniens qui devrait permettre de lutter plus efficacement pour leurs droits.
par Alain Gresh
Sources Global Research
Posté par Adriana Evangelizt
3-4 Point de vue de Azmi Bishara : Plutôt que l’apaisement.
Pour un peuple, sans racines ou sous occupation, les Palestiniens ont fait plus qu’il ne faut en matière d’initiatives diplomatiques.
Ne serait-il pas normal qu’un peuple occupé lutte pour sa libération jusqu’à la victoire ou continue à résister et force ainsi la communauté internationale ou le pouvoir occupant de trouver une solution à des situations qui ne sont plus tenables ?
La norme veut donc que la résistance soit accepte les propositions et dépose les armes, soit les rejette et continue à se battre jusqu’à ce que des propositions plus raisonnables lui soient faites. En outre, un objectif central est censé inspirer les actions de la résistance : la libération et la réalisation de l’autodétermination.
Dans le cas de la Palestine, nous assistons au processus inverse : les Palestiniens ont présenté tant d’initiatives et de propositions qu’il leur est difficile de se rappeler le but de leur lutte, non seulement le but initial, mais le dernier en date également. Ce faisant, ils ne font plus la distinction entre stratégies et tactiques, entre tactiques et délusion et entre viser des objectifs tactiques et complaire à autrui.
Ce n’est pas que leurs tentatives de plaire aient eu beaucoup de succès ; elles ont plutôt aiguisé l’appétit de ceux qui voyant dans de telles tentatives un signe de faiblesse, ont relevé leurs exigences d’un cran. Israël n’acceptera jamais les idées palestiniennes parce qu’il les trouve à son goût, mais uniquement si leur mise en œuvre lui convient ou s’il est forcé de les accepter. Par exemple, quand les attaques suicides ont atteint leur paroxysme pendant la deuxième Intifada, le monde israélien du capital et des affaires a obligé le gouvernement à choisir entre la reprise du processus de paix jusqu’à son aboutissement ou la construction du mur de séparation. Le gouvernement a choisi le mur.
Les Palestiniens et les Arabes n’ont présenté que trop d’initiatives et de propositions de règlement et de phases intérimaires. Israël a constamment refusé de les prendre en compte et il est évident qu’il en attend d’autres, sans aucun doute convaincu qu’à chaque nouvelle proposition les Palestiniens placeront la barre moins haut. Il est assurément grand temps que les Arabes attendent qu’Israël leur adresse des propositions ou des initiatives qu’ils pourront soit accepter, soit rejeter, au lieu de se laisser bousculer par la logique de l’unilatéralisme et la construction de murs de séparation.
Entretemps, s’ils ont besoin d’une sorte d’inspiration unificatrice, ils peuvent toujours tirer profit du document de consensus national palestinien qui constitue le terrain d’entente le plus large qui soit, ainsi que des résolutions adoptées par l’OLP lors des sessions successives du Conseil national. Comme ni Israël, ni les Etats-Unis ne sont sur le point de produire une proposition de solution acceptable dans un avenir prévisible, les Palestiniens, spécialement après l’accord entre le Hamas et le Fatah, devraient faire savoir que eux non plus n’ont pas d’autres propositions à faire et qu’il ne leur incombe pas de faire des propositions, mais plutôt de lutter contre l’occupation et contre le mur de séparation, la judaïsation de Jérusalem et d’autres objectifs nationaux.
Jérusalem, par exemple, n’existe pas dans le vide. Ses représentants à l’Assemblée nationale palestinienne ont été arrêtés et aucun leadership convenablement organisé et financé n’a pris la relève d’Orient House et des comités populaires de quartier. Que s’est-il passé ? A un moment donné, les gens ont cessé de se concentrer sur les droits nationaux de Jérusalem comme ville arabe palestinienne, partie du peuple palestinien et du projet national palestinien et ont commencé à se focaliser sur leurs droits civils en tant qu’Israéliens. Soixante pour cent des enfants de Jérusalem fréquentent des écoles qui relèvent de la municipalité israélienne de Jérusalem.
La brutalité de la situation dans laquelle ils vivent nous force inévitablement à exiger leurs droits - et par cela nous voulons dire leurs droits en tant qu’Israéliens- auprès du Ministère israélien de l’Education. Toutefois, si nécessaire que soit ce processus, il se déroule en dehors du cadre et des limites du projet national palestinien et s’est inscrit dans le processus d’israélisation et d’annexion de Jérusalem et de sa population. Je suppose donc que je n’avais pas à être surpris de voir récemment un groupe de douze écoliers de Jérusalem-Est visiter la Knesset dans le cadre de leur programme d’éducation civique comme s’ils avaient été des étudiants arabes vivant à l’intérieur de la Ligne verte.
Si la mosquée d’Al-Aqsa est en danger en tant qu’œuvre architecturale, la souveraineté palestinienne et islamique arabe court un danger bien plus grand. Les personnes qui sont censées exercer leur souveraineté - c’est à-dire, le peuple palestinien y compris la société palestinienne de Jérusalem - sont également en péril. Les Arabes vivant à l’intérieur de la Ligne verte vont régulièrement prier dans la mosquée d’Al-Aqsa et font de leur mieux pour qu’elle reste une mosquée, mais ils sont citoyens israéliens et ne peuvent pas exercer leurs droits souverains. Si admirables que soient leurs efforts, ces Arabes ne constituent pas un Etat et même pas un Etat en voie de formation. Ils sont citoyens de la puissance d’occupation elle-même.
La transformation de la mosquée d’Al-Aqsa - du fait de sa fermeture et de l’absence d’une résistance arabe - en une mosquée pour les Arabes vivant à l’intérieur de la Ligne verte ne peut guère constituer un rempart contre le danger. L’opinion mondiale se rend-elle compte qu’Israël refuse aux habitants de la Rive occidentale et de Gaza l’accès à l’un des lieux de pèlerinage les plus sacrés de l’Islam violant ainsi leurs droits fondamentaux en matière de liberté de culte ?
Pourtant, la libération de Jérusalem et de la mosquée d’Al-Aqsa ainsi que l’exercice de la souveraineté arabe et musulmane sur le sanctuaire sont étonnamment absents de toutes les démarches politiques et diplomatiques liées au « processus de paix ». Il en va de même pour la protection de la société arabe de Jérusalem, le respect de leurs personnes et de l’identité arabe de Jérusalem, y compris de la mosquée Al-Aqsa.
Si nous ajoutons à cela l’érosion du statut de Jérusalem et la peau de chagrin que constituent les refuges palestiniens qui étaient une partie intégrante et primordiale de la cause palestinienne pour devenir une série de causes humanitaires de gravité diverse selon les pays dans lesquels vivent les réfugiés, nous constatons que la cause palestinienne a été ramenée à une négociation pour un Etat palestinien selon la définition de Bush et Olmert. La dépendance à l’égard du « processus de paix » - et il faut insister lourdement sur « processus »- a laissé un trou énorme à Jérusalem, dans la diaspora palestinienne et dans le projet national palestinien dans son ensemble.
Le « processus » est devenu un objectif en soi : certains hommes politiques estiment que leur carrière et leur vie politiques ne valent rien s’ils ne rencontrent pas un officiel américain lors d’une tournée diplomatique dans la région, ne se font pas photographier à ses côtés, ne font pas un commentaire sur l’importance de leur rencontre et ne réprimandent pas les Etats-Unis pour leur parti-pris en faveur d’Israël au moins une fois par cycle de négociation.
Le processus est comparable à celui d’une famille élargie : elle abandonne les enfants perdus si elle se défait et joue les entremetteuses jusqu’à ce que sous l’effet de quelque catastrophe les amoureux pleurent sur leur misérable sort au café. Le processus est tout et ceux qui en font partie s’arrangeront pour vous dire que cette fois-ci l’Amérique est sérieuse ; contrairement à l’impression générale, ils ont détecté un nouveau sens des responsabilités chez le quelconque officiel américain qu’ils ont rencontré.
Ils vous mettront aussi en garde contre ceux qui s’emploient à donner à l’Amérique une excuse pour se laver les mains du sort de cette région et s’empresseront de vous rappeler la démagogie et la stratégie du bord de l’abîme pratiquée par les Arabes. Ce sont les Arabes qui ont perdu la Palestine et pendant qu’on y est, ils ouvriront le registre historique des mauvais points de la Syrie et de l’Iran, de tous ceux qui n’ont pas reconnu Israël et des Arabes en général, à l’exception de ceux qui font pression sur les Palestiniens pour qu’ils sacrifient leurs droits nationaux.
Maintenant que les Palestiniens sont passés du slogan ‘A bas le sionisme » à « Non, aux conflits internes » deux délégations palestiniennes se sont rendues à La Mecque. Elles subissent de fortes pressions pour arriver à un accord sur les moyens d’éviter les conflits, considérés par l’une et l’autre comme une sorte de gestion de la crise. Toutefois, certaines parties y voient l’occasion de dicter les règles du « jeu des nations » aux Palestiniens vivant sous l’occupation, arguant que l’accord doit être capable d’obtenir la levée du blocus.
La seule façon d’interpréter cette position est que l’on donne ainsi raison à ceux qui ont imposé le blocus à preuve que « ramenée à la raison », la partie qui le subit a changé de position. Le corollaire inévitable est bien entendu que la politique de la force est efficace, que « la raison du plus fort est toujours la meilleure ».
Les conséquences seront importantes pour l’avenir du « processus politique ». Certains membres des délégations ont déjà menacé de demander des élections prématurées, ce qui vu les tensions actuelles équivaut à lancer un appel à la guerre civile.
Seul un front uni contre le blocus, peut mettre fin à celui-ci. Le blocus perd sa raison d’être si ceux qui l’ont monté ne peuvent trouver personne en Palestine pour en faire une base de pouvoir et tirer profit de la situation misérable de la population pour allumer sa colère contre le gouvernement qu’elle a élu. Depuis la signature du concordat national qui se fondait sur le document relatif aux prisonniers palestiniens, la ruée pour sauter dans le train des injonctions politiques a été à l’origine de chaque nouvel affrontement qui a suivi les trêves. Dans le cadre du blocus, tout nouvel accord obtenu au prix de coercition, de chantage, de menaces de poursuite du blocus et d’appels à référendums et élections, forment la base de nouvelles exigences, déclenchant une nouvelle flambée de violence.
Si l’on est animé de bonnes intentions, il n’y a pas lieu d’être fier d’arriver à la tenue de nouvelles élections et tout lieu d’avoir honte de rejeter les résultats d’élections légitimes. Mais donner la preuve de ses bonnes intentions suppose que l’on renonce à imposer des conditions sous les étendards du blocus et que l’on parte d’un agenda politique commun ayant le caractère du Concordat national. En fait, ce document convient très bien comme plateforme pour un gouvernement palestinien. Que le Hamas y ait contribué et l’ait accepté représente rien de moins qu’une révolution sur le plan de ses conceptions et de ses perspectives politiques.
Le Hamas n’avait jamais participé à la rédaction de la Charte nationale ni à ses amendements ultérieurs. Les résolutions adoptées par les assemblées du Conseil national qui se sont succédé et le fond du document lui-même constituent un énorme compromis par rapport à la propre charte du Hamas et en fait, par rapport à son programme électoral. Cela devrait suffire pour arriver à un accord interne.
Si néanmoins, certains ont pour objectif d’apaiser les puissances étrangères, la voie vers une prochaine série d’affrontements intérieurs est toute tracée : un accord adapté à la levée du blocus, l’autorisation par le président de l’AP et de ses conseillers pour le début des négociations, les accords conclus en secret avec Israël, l’annonce de ces accords assortie de la menace que si le Hamas refuse de les accepter on lancera un appel pour de nouvelles élections ou pour un référendum, etc.
Qu’il y ait des pressions dans ce sens est évident vu l’annonce de la prochaine réunion à Jérusalem entre Olmert et Abbas en présence de Rice. Si Olmert sort de cette rencontre et d’entretiens ultérieurs entre Israël et les Etats-Unis avec des propositions qui ne répondent pas aux exigences palestiniennes minimums et menace ensuite de les soumettre à un référendum, les Palestiniens recommenceront à se déchirer. Si en revanche, l’accord palestinien d’unification repose sur des appels pour la fin du blocus et la fin des violations à Jérusalem et d’autres demandes de ce type, la capacité du peuple palestinien à résister à l’occupation s’en trouvera renforcée.
Pour la réalisation et le respect d’un tel accord il faudra que les dirigeants palestiniens changent leur mode de pensée et d’action. Ils doivent complètement nettoyer leur modus operandi et éliminer les virus qui les ont amenés à dicter des conditions de nature à apaiser les puissances extérieures. Si l’accord qui est sorti de la réunion de La Mecque doit aboutir - et il est hors de doute qu’il le doit - il faudra que les dirigeants palestiniens apprennent à conjuguer leurs efforts pour atteindre les objectifs palestiniens communs au lieu de chercher à plaire à un public extérieur.
A cet égard, il serait utile et cela éviterait indubitablement beaucoup d’acrimonie, s’ils plaçaient dans une perspective appropriée les destinataires des différents portefeuilles ministériels. Peu importe par exemple que le ministre des affaires étrangères appartienne au Hamas ou au Fatah du moment qu’il est subordonné au président, décideur ultime en matière de politique étrangère. Si, en revanche, la prise de décisions est répartie entre le gouvernement, la présidence et le parlement, il serait préférable que le ministre des affaires étrangères n’appartienne à aucune des deux factions. Une telle indépendance accroîtrait la crédibilité et l’efficacité de la mise en application de mesures résultant d’un équilibre et faciliterait leur accueil à l’étranger.
Ceci n’est pas nécessairement vrai pour le ministre de l’intérieur. Dans tous les pays démocratiques, le ministre de l’intérieur ou de la sécurité, tout comme celui des affaires étrangères, est généralement membre de l’un ou l’autre parti politique, peu importe lequel. Accepter la filiation politique des ministres fait partie intégrante de la vie démocratique dans laquelle les partis politiques forment les identités principales participant du processus politique. Ce qui importe est que les appareils de sécurité eux-mêmes soient non-partisans.
Pendant la période qui a suivi Oslo, les services de sécurité palestiniens ont été essentiellement Fatah, qu’il s’agisse de leurs membres, de leur allégeance ou des lignes de commandement. Ces services doivent être unifiés, neutralisés sur le plan politique et remis en état afin d’empêcher que des considérations partisanes n’influent sur les nominations et les opérations internes. Dans ce cas, il n’y aurait rien de mal à ce que le ministre de l’intérieur vienne du Hamas, spécialement si une telle nomination faisait contrepoids à un président Fatah en sa qualité de commandant en chef des forces de sécurité.
A l’inverse, il ne sert à rien d’avoir un « indépendant » comme ministre de l’intérieur si les forces de sécurité elles-mêmes ne sont pas non-partisanes et à moins qu’une limite ne soit tracée entre les forces de sécurité dont la tâche consiste à préserver la sécurité et celles qui se substituent à une armée pour supprimer la résistance.Azmi Bishara
15 février 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :http://weekly.ahram.org.eg/index.htmTraduction : AMG [Info-Palestine.net] Source : Info Palestinehttp://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=871
3-5 Point de vue de Amira Hass : la Bande de Gaza, c’est à l’étranger.
C’est maintenant officiel : la Bande de Gaza, c’est à l’étranger. A partir du 1er février, les rares Israéliens auxquels l’armée en autorise l’accès, doivent présenter un passeport au passage d’Erez et ils sont enregistrés dans l’ordinateur du Ministère de l’Intérieur comme étant sortis des frontières de l’Etat.
Etrange manière, pour Gaza, d’être ‘à l’étranger’. Les Israéliens ont besoin d’un passeport pour s’y rendre. Les Palestiniens de Jérusalem, d’un permis de voyager, ce même document qu’ils doivent présenter lorsqu’ils prennent l’avion pour Paris à l’aéroport Ben Gourion. Mais lorsqu’ils se rendent en Jordanie via le pont Allenby, ils le font avec un passeport jordanien. Quant aux Palestiniens vivant dans cet ‘étranger’ gazaoui, ils sont pour le moment dispensés de présenter un passeport palestinien au passage. Le sont également, les habitants de Cisjordanie. Et cela, sur ordre du Ministre israélien de l’Intérieur.
Cet embrouillamini de procédures est encore plus frappant quand on considère le fait qu’Israël n’autorise que peu de personnes à entrer dans la Bande de Gaza ou à en sortir. Seuls quelques Israéliens peu nombreux reçoivent le permis : en particulier ceux qui ont de la famille proche à Gaza, et ceux qui sont mariés - essentiellement mariées - depuis des années à des habitants de la Bande de Gaza. L’obtention d’un permis exige une coordination préalable, très lourde, qui prend parfois des jours, jusqu’à ce que la demande de permis ou de prolongation de permis atterrisse dans le fax, enfin libre, du « Bureau des Israéliens » de l’Administration civile (organe militaire auquel le Ministre israélien de l’Intérieur a donné autorité de continuer de s’occuper du passage).
Parcourir le demi kilomètre qui sépare le côté palestinien du côté israélien impose une autre coordination encore, par téléphone, et une attente de plusieurs heures jusqu’à ce que, du côté israélien, soldats et fonctionnaires autorisent le détenteur du permis à avancer. Mais ce n’est pas cela - qui peut rappeler à beaucoup quelque chose des difficultés de passage qu’imposaient des régimes totalitaires entre pays de l’Europe de l’Est - qui est le plus singulier dans l’étrange manière dont Gaza est ‘à l’étranger’.
Sa singularité tient essentiellement à un autre motif , plus fondamental : tous les habitants de Gaza sont enregistrés dans un seul et même registre de population, avec les habitants de la Cisjordanie, qui n’est pas ‘à l’étranger’, et le Ministère israélien de l’Intérieur contrôle l’entièreté de cette base de données. Par le biais de ce contrôle, les représentants du Ministère de l’Intérieur au sein de l’Administration civile disposent de pouvoirs que n’a pas le Ministre palestinien de l’Intérieur. Ce contrôle a permis à Israël de faire perdre à des milliers de Palestiniens leur statut de résidents, après 1967. Il a autorisé des liens maritaux, sociaux, économiques, religieux et culturels entre Gaza et la Cisjordanie, jusqu’en 1991 - pour les rompre ensuite. Ce contrôle permet à Israël d’empêcher que des citoyens étrangers ne s’ajoutent au registre de population, d’intervenir jusqu’à fixer le choix du conjoint, le lieu des études, le type de soins médicaux, l’adresse de résidence, le temps passé avec les enfants, la participation aux réjouissances et aux funérailles, la rédaction des testaments et le partage de la propriété familiale. Israël a le pouvoir d’interdire l’entrée à des amis et à des proches qui ne sont pas des résidents palestiniens - non seulement leur entrée en Israël, mais aussi en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Depuis octobre 2000, l’interdiction s’est étendue. Le passage au terminal de Rafah, quand il est ouvert, n’est autorisé qu’aux Palestiniens enregistrés comme résidents dans l’ordinateur israélien. Israël a le pouvoir d’interdire des Gazaouis de se rendre en Cisjordanie et de s’y établir. Et Israël y met une ferveur qui ne cesse de croître depuis 1991, quand il a lancé sa politique de bouclage. Tel est ce lieu ‘à l’étranger’ dont l’accès aux Israéliens est soumis à l’obligation d’un passeport. Tel est ce lieu ‘à l’étranger’ dont Israël dit n’avoir aucune responsabilité dans ce qui s’y déroule. Et telle est la grandeur de l’occupation israélienne : parvenir à se faire passer pour inexistante, tout en détenant des pouvoirs qui s’étendent jusqu’aux chambres à coucher.
Non, il ne s’agit pas ici de recommander la prise de nouvelles dispositions unilatérales et qu’en plus de la coupure géographique et humaine, on efface les Gazaouis du registre de population que contrôle Israël. Au contraire ! Il est préférable qu’Israël continue de fureter dans les chambres à coucher plutôt que d’adopter une mesure qui, en fin de compte, achèverait la coupure de la population de Gaza d’avec ses frères de Cisjordanie.
La crainte est fondée. La décision d’un tel effacement serait assez conforme au mode de pensée qui caractérise la politique d’Israël à l’égard de la Bande de Gaza depuis 1991. Au cours de ces 16 dernières années, les habitants de cette bande de terre surpeuplée de 360 km² se sont vus imposer de s’habituer à sa transformation en une espèce de « marché autarcique » isolé et de se contenter du peu qu’il peut produire : une eau en quantité toujours plus faible (et toujours plus polluée), une terre en diminution, des sources de revenus en déclin, une industrie et une agriculture sans marchés, des institutions d’enseignement et de santé de médiocre qualité, du fait de l’isolement physique et humain d’avec le monde et la Cisjordanie.
Le sommet de cette politique a été, jusqu’à présent, le désengagement de 2005. C’est une politique en contradiction avec ce qui est écrit dans les accords d’Oslo (que la Bande de Gaza et la Cisjordanie sont une seule et même entité territoriale) et avec les résolutions internationales en vue d’une solution de paix. Mais l’évacuation de la Bande de Gaza de quelques milliers de colons a été vendue avec succès comme le signe de la modération d’Israël, pendant que celui-ci renforçait toutes les modalités de son contrôle sur la Cisjordanie. L’effacement des Gazouis du registre de population ? Israël est en mesure de vendre cela aussi sous le couvert de vouloir bien faire. Mais il ne fera qu’aggraver la détresse humaine du million quatre cent mille habitants de la Bande de Gaza et leur isolement du monde. Et c’est la recette assurée pour maintenir éloigné un règlement de paix juste entre Israël et les Palestiniens.
Amira Hass
Alain Grandbois, Etrange manière d’être "à l’étranger"
Haaretz, 14 février 2007.
« Lis lentement. Comme je t’écris. »Alain Grandbois, Lettres à Lucienne,Montréal, L’Hexagone, 1987
Source : Haaretz http://www.haaretz.co.il/hasite/spages/825587.html
Traduction de l’hébreu : Michel Ghys
Version anglaise : What a strange ’abroad’ - http://www.haaretz.com/hasen/spages/825644.html
Du même auteur notamment : Se faire tuer pour une illusion.
Source : Info-palestine.net http://www.info-palestine.net/

4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net
Ndlr : PS : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information
4-1 Gideon Lévy : Des enfants de l’âge de Taïr.
Un enfant par semaine, quasiment chaque semaine. Au cours de ces dernières semaines, j’ai à nouveau rapporté ici les circonstances dans lesquelles plusieurs enfants et adolescents étaient morts sous les balles de soldats de l’armée israélienne. A nouveau un vent mauvais souffle sur l’armée et personne n’en parle. Une armée qui tue des enfants n’est pas un sujet de préoccupation pour le public. Et aucune commission d’enquête n’a été ni ne sera instaurée à ce propos-là. Mais l’armée israélienne, qui tue des enfants avec tant de légèreté, et qui, en la matière, apporte à ses soldats un soutien plein et entier, ne devrait pas nous troubler moins que la situation des réserves de fournitures de guerre dans le nord du pays. Les répercutions d’une telle conduite ne sont pas seulement d’ordre moral. Elles portent aussi, en fin de compte, sur la capacité opérationnelle d’une armée pour laquelle ce sont des enfants qui se retrouvent comme cibles dans la ligne de mire de ses soldats.
Jamil Jabaji, l’enfant du camp d’Askar, qui aimait les chevaux [1], a été abattu d’une balle dans la tête par les soldats d’une jeep blindée alors qu’il était parmi un groupe d’enfants qui leur lançaient des pierres. Il avait 14 ans. Il est le quatrième enfant abattu dans le secteur, dans des circonstances semblables. Abir, la fille d’un membre de l’organisation « Combattants pour la Paix », Bassam Arami [2], est sortie de son école à Anata au moment où, à bord d’une jeep, des garde-frontières israéliens rôdaient aux abords de l’école - personne ne sait dans quel but - lançant des grenades lacrymogènes sur les enfants qui leur lançaient des pierres. C’est apparemment une de ces grenades qui a atteint Abir à la tête. Elle avait 11 ans. Taha Aljawi a été touché près de la clôture du champ d’aviation abandonné d’Atarot : les soldats lui ont tiré une balle dans la jambe et il semble bien qu’ils l’aient laisser perdre son sang jusqu’à sa mort. C’était le huitième enfant à se faire tuer là dans des circonstances comparables. Il n’avait pas 17 ans. [3]
Tous ces enfants ont été abattus de sang froid, alors qu’ils ne mettaient en danger la vie de personne. En dehors du cas de Jamil, l’armée israélienne n’a pas pris la peine d’ouvrir une enquête sur les circonstances de leur mort, pas plus que pour la majorité écrasante des autres enfants tués. Le fait qu’on n’enquête même pas montre à l’évidence qu’il n’est pas dans l’intention de l’armée de mettre fin aux assassinats d’enfants. Cela ne trouble même pas les commandants de l’armée.
Le dernier cas, celui de Taha, est peut-être le plus grave de tous : le porte-parole de l’armée israélienne couvre la décision d’ouvrir le feu à balles réelles en direction d’un groupe d’enfants qui étaient peut-être occupés à saboter la clôture en fil de fer, comme l’affirme l’armée israélienne, ou qui jouaient peut-être au football près de la clôture, comme l’assurent les enfants - le tout en plein jour. Pas un mot de regret, pas un mot de condamnation, seulement la justification totale d’un tir à balles réelles, opéré de loin, en direction d’enfants non armés, sans sommations.
Taha est mort d’une balle dans la jambe et, d’après le témoignage de ses amis, il aurait perdu son sang pendant une bonne heure, dans le fossé boueux où il s’était effondré. L’affirmation du porte-parole de l’armée israélienne selon laquelle il aurait immédiatement reçu des soins médicaux ne s’accorde pas avec le fait que Taha était blessé à la jambe, blessure dont on ne peut mourir que par une hémorragie relativement prolongée.
Mais même si on lui a porté immédiatement assistance, comme l’affirme l’armée israélienne, sommes-nous prêts à accepter des procédures d’ouverture de feu qui autorisent d’ouvrir le feu à balles réelles, de loin, sur des adolescents non armés ? N’y a-t-il pas d’autres moyens pour disperser des adolescents « suspects », comme dit le porte-parole de l’armée israélienne ? Qu’est-ce qui passe par la tête d’un soldat qui pointe son arme en direction d’un groupe comme celui-là et qui tire à balles réelles, meurtrières, fauchant d’aussi jeunes vies ? Quel message terrifiant l’armée israélienne fait-elle passer à ses soldats lorsqu’elle appuie un tel acte inhumain ?
Ces récits, comme tous ceux qui leur ressemblent, c’est à peine s’ils sont accueillis chez nous avec un mince murmure. Certains n’ont même pas droit à un compte-rendu dans les informations. Qu’un enfant palestinien, garçon ou fille, soit tué ne trouble pas la quiétude de la population israélienne. La Cisjordanie est tranquille, il n’y a quasiment pas d’attentats, l’attention se porte sur d’autres sujets, et sous le couvert de ce calme illusoire et temporaire, nos soldats, les meilleurs de nos fils, tuent des dizaines d’enfants et d’adolescents, une routine, loin des regards.
C’est à juste titre que le pays s’est ému du meurtre de Taïr Rada, cette innocente fillette de 13 ans, tuée brutalement dans son école, à Katzrin. Quelle différence y a-t-il entre le meurtre de Taïr et celui d’Abir, tuée elle aussi au seuil de son école ? Entre Abir et Taïr, il y a le fait qu’Abir était palestinienne et Taïr israélienne. Israélienne ? Taha était lui aussi détenteur d’une carte d’identité bleue, israélienne. Mais il était palestinien. Quelqu’un est-il prêt à soutenir sérieusement que le soldat qui a visé la tête de Jamil n’avait pas l’intention de le tuer ? Le deuil est le même, l’horreur est la même. Tout comme Taïr faisait la joie de la vie de ses parents, Abir faisait la joie des siens : une petite fille qui voulait devenir ingénieure quand elle serait grande. Mais alors que des doutes subsistent quant à l’identité du meurtrier de Taïr, il est très facile d’identifier ceux qui ont tué Taha, Jamil et Abir. Ils ne sont, chez nous, même pas stigmatisés ; ils ont droit à une immunité automatique, sans enquête. « La marque de Caïn ne paraîtra pas / chez le soldat qui tire / visant la tête d’un enfant / sur un repli du terrain / près de la clôture du camp de réfugiés... », écrivait Aharon Shabtai dans son poème « Culture ».
Des soldats ont ainsi tué 815 enfants et adolescents au cours des sept dernières années. Tout le système de justifications à la mort, terrifiante, de plus de 3000 personnes adultes au cours de la même période, s’effondre dès lors qu’il s’agit d’enfants. Quelqu’un devrait entendre l’appel émouvant du père endeuillé d’Anata, qui disait qu’il ne perdrait pas la tête pour avoir perdu son cœur : « Je ne veux pas me venger. Ma vengeance, c’est que ce héros, que ma fille avait mis en danger et qui a tiré sur elle, comparaisse en justice. Ils envoient un gamin de 18 ans avec un M-16, ils lui disent que nos enfants sont ses ennemis et il sait que personne ne passera devant un tribunal ; alors il tire de sang froid et devient un meurtrier » [4]. Le tout exprimé dans un hébreu courant qu’il a amélioré au fil de conférences qu’il a données dans tout Israël - pour dire combien la paix est nécessaire.
Gideon Lévy
20 février 2007
Des enfants de l’âge de Taïr
Source : Haaretz http://www.haaretz.co.il/hasite/spages/824276.html
Traduction de l’hébreu : Michel Ghys
Version anglaise : Tair’s Palestinian peers - http://www.haaretz.com/hasen/spages/824137.html
Source : Info-palestine.net http://www.info-palestine.net/
4-2 Aloufoc : Le sommet de Jérusalem s’achève sur de vagues promesses.
Le sommet entre Ehud Olmert et le président palestinien Mahmoud Abbas organisé lundi à Jérusalem par Condoleezza Rice n’a vraisemblablement pas permis de relancer le processus de paix dans la région.
Au cours de cette réunion, qui n’a duré que deux heures, Abbas et Olmert sont convenus de se revoir dans un proche avenir et Rice a promis de revenir dans la région.
"Nous affirmons tous les trois notre engagement en faveur d’une solution à deux Etats et sommes d’accord sur le fait qu’un Etat palestinien ne peut naître de la violence et de la terreur", a dit Rice, en lisant le communiqué final adopté à l’issue du sommet.
Elle a ajouté que les deux hommes avaient "réaffirmé leur acceptation des accords et des engagements passés", et notamment leur attachement à la "feuille de route" internationale, qui détaille les mesures dans le cadre du processus de paix.
Un responsable américain a affirmé que la rencontre entre Abbas et Olmert aurait lieu "dans les prochaines semaines".
Un conseiller d’Abbas a précisé que des responsables des deux parties se retrouveraient dans une dizaine de jours pour préparer la nouvelle rencontre.
Aucune conférence de presse commune n’a été organisée après le sommet et ni Abbas ni Olmert n’accompagnaient Rice quand elle a lu le communiqué.
"On a estimé que ce n’était pas la bonne façon de conclure ce sommet", a dit Rice aux journalistes voyageant avec elle et qui l’interrogeaient sur l’absence de conférence de presse.
Quand ce sommet avait été annoncé le mois dernier, beaucoup s’attendaient à ce qu’Olmert et Abbas se penchent sur certains gros dossiers, comme le statut de Jérusalem, le retour des réfugiés ou les contours du futur Etat palestinien.
Mais Rice avait, par avance, réduit ses ambitions en estimant trois jours avant le sommet que ses chances de réussite avaient été "compliquées" par l’accord conclu une semaine plus tôt à La Mecque par Abbas avec les dirigeants du Hamas pour former un gouvernement d’unité sans que le mouvement islamiste s’engage pour autant à reconnaître Israël.
Elle a refusé de détailler la teneur des discussions entre Olmert et Abbas mais souligné qu’elles avaient porté sur "l’horizon politique" ainsi que sur l’accord de gouvernement entre le Fatah et le Hamas.
"Le véritable mérite (de ce sommet) est qu’ils se sont assis autour de la table pour discuter", a estimé Rice.
Un haut responsable palestinien qui a assisté au sommet a déclaré à Reuters : "Olmert a dit à Abbas pendant la réunion : ’Vous m’avez trahi’ en concluant un accord avec le Hamas. Le président Abbas lui a répondu : ’Vous ne m’avez rien donné et vous n’avez pas tenu vos engagements’."
Olmert a refusé de réagir à cette affirmation.
Olmert a déclaré après le sommet dans un enregistrement destiné à son parti, Kadima, qu’il était tombé d’accord avec les Etats-Unis pour boycotter le futur gouvernement d’union palestinien s’il ne satisfaisait pas aux trois exigences du Quartet - reconnaissance d’Israël et des accords passés et renonciation à la violence.
Rice a rappelé quant à elle que cette position était celle du "Quartette" de médiateurs (Onu, Etats-Unis, Russie et Union européenne). "(Je remercie Washington) pour cette position sans équivoque selon laquelle les Etats-Unis ne reconnaîtront pas un gouvernement qui n’accepte pas les principes du Quartet", a dit Olmert.
Saëb Erekat, un proche d’Abbas, a souligné que Rice avait clairement affirmé que le gouvernement palestinien devrait "accepter les accords passés".
A Gaza, le Premier ministre Ismaïl Haniyeh, qui est issu du Hamas, a déclaré que les Etats-Unis devaient revoir leur position car la création d’un gouvernement d’union palestinien élargit selon lui la marge de manoeuvre politique.
Le "Quartette" doit se réunir mercredi à Berlin pour discuter de ce sommet et des perspectives qu’ouvrent la formation d’un gouvernement palestinien d’union.
2 - L’autorité d’occupation déjoue un attentat, des suspects palestiniens interpellés
La police de l’autorité d’occupation a arrêté mardi un présumé poseur de bombe palestinien et plusieurs complices dans un appartement de Bat Yam, une banlieue de Tel Aviv, situé près de l’endroit où ils projetaient un attentat, a dit un porte-parole.
Selon la télévision, un attentat majeur a été déjoué et le principal suspect est originaire de Cisjordanie. La police a trouvé les explosifs dont il avait l’intention de se servir dissimulés dans une autre localité proche de Tel Aviv, a rapporté la télévision.
"La police a arrêté plusieurs individus, parmi lesquels le terroriste qui avait l’intention de perpétrer un attentat à la bombe à Tel Aviv", a déclaré Micky Rosenfeld, porte-parole de la police nationale.
Les arrestations ont été annoncées après un ratissage dans l’agglomération de Tel Aviv qui a paralysé la circulation pendant des heures.
Fin novembre, une trêve avec les groupes d’activistes a pratiquement mis fin aux violences jusqu’à l’attentat suicide du 29 janvier dans la cité portuaire d’Eilat, qui a tué trois personnes.
Le dernier attentat à la bombe à Tel Aviv remonte à avril dernier. Il avait fait 11 morts.
- Rice quitte la Jordanie après une tournée au Proche-Orient sans résultat
La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a quitté Amman mardi pour Berlin, où elle va tenter de convaincre le Quartette pour le Proche-Orient de jouer un rôle accru, après une tournée dans la région qui n’a pas apporté d’avancée majeure dans le processus de paix.
A Amman, Rice a rencontré le roi Abdallah II qui a plaidé pour la relance du processus de paix, au lendemain de sa rencontre à Jérusalem avec le président palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Ehud Olmert, aux résultats décevants.
La communauté internationale, particulièrement les Etats-Unis, doit "redoubler d’efforts pour réactiver la paix et ramener les deux parties (Israël et les Palestiniens) à la table des négociations", a dit le souverain jordanien devant Rice.
Les négociations israélo-palestiniennes sont dans l’impasse depuis près de sept ans. Le dernier plan de paix international, la Feuille de route, est resté lettre morte depuis son lancement à l’été 2003.
Le souverain jordanien a en outre espéré que "les Etats-Unis continueront à jouer un rôle majeur dans la relance de ce processus, en créant un climat favorable pour la reprise des négociations sur la base de deux Etats israélien et palestinien".
Rice a aussi rencontré les chefs des services secrets de Jordanie, d’Egypte, d’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, dont le soutien à M. Abbas dans sa lutte de pouvoir avec le mouvement islamiste Hamas est jugé "critique", selon un haut responsable américain.
Il s’agissait de déterminer comment ces pays peuvent contribuer aux questions de sécurité, selon la même source. Rice s’est également fait expliquer par le conseiller saoudien à la sécurité nationale, le prince Bandar ben Sultan, le contenu de l’accord de la Mecque du 8 février sur la formation d’un gouvernement palestinien d’union.
Cette visite du chef de la diplomatie américaine en Jordanie a coïncidé avec celle de M. Abbas, qui se rendra à partir de mercredi en Grande-Bretagne, en Allemagne et en France.
M. Abbas a jugé pour sa part que si la rencontre tripartite avait été "difficile et tendue", elle n’avait "pas été un échec". "Elle sera suivie d’autres rencontres", a déclaré le président palestinien à l’agence jordanienne Petra, soulignant qu’elle avait permis "d’explorer l’idée de George W. Bush de deux Etats".
Le roi Abdallah II, qui a rencontré séparément le dirigeant palestinien, lui a promis de soutenir le futur gouvernement d’union palestinien et d’intensifier ses efforts en vue d’obtenir la levée du boycottage imposé par l’Occident.
Israël et les Etats-Unis ont annoncé qu’ils ne négocieraient pas avec ce gouvernement palestinien, qui sera dirigé par le Premier ministre sortant, Ismaïl Haniyeh, s’il n’acceptait pas les trois conditions posées par le Quartette (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU) pour lever le boycottage politique et financier imposé au gouvernement palestinien.
Le Quartette, qui doit se réunir mercredi à Berlin en présence de Rice, exige une reconnaissance explicite de l’Etat d’Israël, des accords israélo-palestiniens conclus dans le passé et une renonciation à la violence, ce que le Hamas refuse.
A l’issue de la rencontre de Jérusalem, Mme Rice avait jugé que le Quartette pouvait jouer un rôle accru en renforçant Mahmoud Abbas dans son face-à-face avec le Hamas, considéré par Israël et les Etats-Unis comme une organisation terroriste.
"Un effort international d’équipe est requis pour aider à l’émergence d’un Etat palestinien" et "je veux que le Quartette joue un rôle politique", par exemple en facilitant l’application d’accords permettant d’alléger les restrictions imposées par Israël aux Palestiniens, a-t-elle ajouté.
Al-Oufok : Mouvement Démocratique Arabe
http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=3708
mercredi 21 février 2007
4-4 Olivia Zemor : La situation est toujours aussi inquiétante en Palestine.
Chères amies, Chers amis,
La situation est toujours aussi inquiétante en Palestine, où comme nous l'avons décrit
(cf notre site http://www.europalestine.com/ ) tout est fait par l'occupant et l'administration Bush pour provoquer des violences : armement de milices palestiniennes, travaux aux abords de la mosquée Al-Aqsa, poursuite de la colonistation, sans parler des Palestiniens tués, blessés, arrêtés et détenus par le gouvernement israélien.Par ailleurs, les préparatifs américano-israéliens en vue d'une attaque contre l'Iran, ainsi que le métraquage médiatique sur la "menace" que constituerait le nucléaire iranien sont particulièrement alarmants. Et ce d'autant plus que les dirigeants européens sont d'accord pour emboiter le pas à cette nouvelle entreprise guerrière, y compris les politiciens qui se disent de gauche, comme Madame Royal qui fait de la surenchère va-t-en guerre sur le sujet.Est-il besoin de rappeler que si l'arme nucléaire est dangereuse, elle doit être interdite partout et non à la tête du client ? Pourquoi approuver sa détention par de très nombreux pays, dont l'Inde, le Pakistan, et surtout Israël qui a montré pas plus tard que l'été dernier son manque absolu de retenue (la fameuse "démesure) quand il s'agit de manier des armes de destruction massive, des bombes à fragmentation, et de frapper sans distinction femmes, enfants, vieillards et infrastructures de toute première nécessité ?Nous sommes très préoccupés par le fait qu'en France, dans le contexte électoral actuel, aucun candidat, aucune candidate, ne se lève pour dire NON !
Non à cet étranglement du peuple palestinien, à cette occupation qui dure depuis des décennies, non aux guerres barbares dans lesquelles on voudrait nous entraîner.
Des micros leur sont tendus; qu'attendent les candidats à la présidentielle pour dénoncer ce dangereux arbitraires ? Les salaires, les retraites, l'environnement font certes partie de nos préoccupations, mais comment pourrons-nous nous sentir en sécurité tant que le droit international sera bafoué, les violences partout exacerbées dans le monde, et le deux poids, deux mesures ainsi généraliser ? A l'heure de la "mondialisation", de la "globalisation" comment les candidats qui briguent nos voix, comptent-il gérer nos destinées en faisant abstraction de ces problèmes fondamentaux, ou en se déclarant favorables à des agressions de différents peuples, en fonction des intérêts du gouvernement américain ou israélien ?
A l'heure, où l'opposition contre les invasions guerrières grandit aux Etats-Unis, Mmes Buffet, Voynet, Laguiller, MM. Besancenot, Bové n'ont-ils rien à dire sur ces sujets ?
Nous avons interpellé les candidats (lettre recommandée) pour leur demander quels engagements ils comptent prendre pour faire appliquer le droit au Proche-Orient, sachant que la France favorise aujourd'hui descollaborations de plus en plus nombreuses, y compris militaires, avec l'occupant israélien. Vous trouverez-ci dessous le courrier que nous leur avons adressé. Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant de leur réponse (ou de leur absence de réponse).
Il est clair que nous ne soutiendrons, aux présidentielles comme aux législatives, que les candidat(e)s qui s'engagent clairement sur les trois points essentiels que sont pour nous :
- le respect du droit en Palestine,
- la nécessité d'agir contre la guerre
- la lutte contre le racisme et l'islamophobie qui sévissent de plus en plus gravement en France.

Nous espèrons que des candidats auront le courage d'exprimer haut et fort ces principes, sans lesquels les notions d'égalité, fraternité et liberté ne sont des mots creux.
Et nous disons dès maintenant, puisque nous sommes partis pour près de 5 mois supplémentaires de campagne électorale, que nous serons présents dans la campagne des législatives, en soutenant activement les candidats qui s'engageront à porter ces valeurs, et en présentant des candidats là où nous n'aurons trouvé aucun parti pour le faire. Nous vous demandons, à ce propos, de prendre contact dès que possible avec les députés et candidats députés de votre circonscription pour leur demander s'ils acceptent d'intégrer ces trois thèmes dans leur programme, et nous vous remercions de nous tenir informés de vos démarches et de vos suggestions dans ce domaine.
olivia.zemor
Annexes
Source : http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=43051
Lire aussi http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=43060 .
5 Annexes
Ndlr : PS : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information
5 -1 Discours de Nicole Borvo au CRIF.
Partie Palestinienne
... Enfin, il est certain qu’un règlement politique des conflits, en particulier le conflit israélo-palestinien, dans le respect du droit et de la justice pour le peuple palestinien, contribuerait à créer un climat plus favorable au rétablissement d’une sécurité partagée dans « un monde plus sûr » pour reprendre le titre d’un important rapport de Kofi Annan. C’est aussi à ce titre que tous les Etats de la région sont concernés, y compris, évidemment, Israël.
En cette année 2007, nous allons en effet marquer le 40ème anniversaire de la guerre de juin 1967 et l’adoption de la résolution 242 qui demande le retrait israélien des territoires occupés.
La France et ses partenaires européens devraient, à notre sens, rappeler que la paix au Moyen-Orient et une sécurité garantie durablement pour tous dans la région, seront aussi le fruit du respect des résolutions de l’ONU, de la fin de l’occupation et de la colonisation, et de la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967.
Il y a des causes politiques multiples à l’insécurité, aux tensions, à la violence, au terrorisme. Ce sont ces causes qu’il faut traiter. Il y a même urgence à le faire car la situation au Moyen-Orient est dramatique et les risques particulièrement élevés. C’est un défi de grande portée qui appelle selon nous des changements importants dans la conception que l’on se fait des relations internationales et des pratiques qui vont avec. On ne peut continuer comme on le fait aujourd’hui, sauf à prendre des risques graves pour l’avenir.
Cela nous concerne tous.Intervention de Nicole Borvo, Sénatrice Présidente du Groupe communiste républicain et citoyen Meeting du CRIF 13 février 2007

Commentaires de Marco Gentilly :
« s’adresser régulièrement aux autorités iraniennes contre l’arbitraire, contre les emprisonnements injustifiables, … » ais je lu, mais pas de condamnation du kidnapping des responsables politiques palestiniens, des élus nationaux et des ministres, pas d’allusion / condamnation des Etats qui pratiquent l’assassinat ciblé en dehors de ses frontières, y a-t-il des degré d’injustifiable ?? Ou bien es-ce une volonté du PCF d’argumenter et segmenter les « valeurs universelles » au regard du public attendu ???

2- Au détour d’une phrase l’armement nucléaire Israélien est évoqué, un peu caché dans un fagot, et là encore pas de condamnation du Kidnapping de Mordechaï Vanunu [1] en Italie, son emprisonnement de 18 années, mais surtout les contraintes policière et judiciaire qu’il subit depuis sa sortie véritable déni de droit humain, de droit démocratique, qui pour suivre le fil du discours de Nicole Borvo est digne du régime Iranien.

3- Pas d’allusion au fait qu’Israël n’a jamais été soumis à un contrôle, mais de plus est, jamais son cas évoqué par les instances internationale ! Y compris depuis la reconnaissance de Facto par Olmert qu’Israël possède des têtes nucléaires.

Non je trouve ce discours très droitier, loin de valeurs qui sont celles des communistes et loin de cette citation de Jaurès à propos de dire la vérité.
Ne pas évoqué au meeting du CRIF, organisation communautariste s’il en est, organisation militante sans retenu pour la défense du colonialisme, la barbarie israélienne, le militarisme de cette société, et le danger que fait courir à la PAIX cet Etat nucléarisé, militariste, colonialiste et raciste [2] depuis fort longtemps. Faut-il rappeler qu’Israël n’a jamais fourni une carte ou le moindre élément définissant ses frontières futures, et en conséquence les frontières de l’Etat Palestinien !!!!
C’est un acte de complicité par omission volontaire de vérité criante… Ce n’est pas, pour moi, en loin s’en faut un modèle d’acte de courage politique, et sans polémiquer, mais avec beaucoup d’amitiés envers toi et Jean Claude, ce texte ressemble au vote des pleins pouvoirs de 1956 qui heureusement a vu la grandeur de Robert Ballanger seul député PCF à ne pas les avoir votés.
Marco Gentilly
[1] Tecnicien israélien, à la centrale nucléaire de Dimona qui a prouvé l’existence de l’armement nucléaire israélien
[2] consulter les sites israéliens qui fournissent les statistique sur la réalité economique / sociale de la minorité arabe israélienne
De : marcogentillysamedi 17 février 2007

N°220 - Journal de Palestine Special dossier- 22-02

2 Les brèves
2-1 Agence de presse palestinienne Ma'an : Sommet de Jérusalem : Rice a dû empêcher Abbas de claquer la porte.
2-2 Le Hamas invite les USA et le Quartet à assouplir leur position
3 Dossier
3-1 Point de Vue de John V. Whitbeck : Au sujet du “droit d'Israël d'exister”.
3-2 Point de vue de Uri Avnery : Israël, La Provocation, élevée au rang de méthode du gouvernement.
3-3 Point de vue de Alain Gresh : Le Hamas est-il sorti vainqueur du sommet de La Mecque ?.
3-4 Point de vue de Azmi Bishara : Plutôt que l’apaisement.
3-5 Point de vue de Amira Hass : la Bande de Gaza, c’est à l’étranger
4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net
4-1 Gideon Lévy : Des enfants de l’âge de Taïr.
4-2 Aloufoc : Le sommet de Jérusalem s’achève sur de vagues promesses.
4-4 Olivia Zemor : La situation est toujours aussi inquiétante en Palestine.
5 Annexe
5-1 Discours de Nicole Borvo au CRIF. & commentaire de Marco Gentilly.
2 Les brèves
Ndlr : PS : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information2-1 Agence de presse palestinienne Ma'an : Sommet de Jérusalem : Rice a dû empêcher Abbas de claquer la porte.Le président palestinien Mahmoud Abbas a décrit le sommet tripartite quis'est tenu lundi dernier à Jérusalem (1) comme "tendu et difficile", mais non comme un échec. S'adressant à l'agence jordanienne de presse, il adéclaré qu'Israël avait peut-être mal compris l'accord de La Mecque : "Nous avons informé Israël que cet accord était de l'intérêt du peuplepalestinien."En revanche, certaines sources bien informées ont affirmé au quotidien londonien en arabe Al-Hayat qu'Abbas "avait été surpris quand Olmert a explosé durant le sommet en l'accusant de s'allier avec le Hamas contre Israël." Ces mêmes sources ont ajouté : "Olmert a demandé à Abbas de garantir que le Fatah ne participerait pas au gouvernement." Abbas aurait refusé cette exigence. Selon Al-Hayat, "Abbas a voulu quitter la réunion, mais Condoleezza Rice l'a fait revenir."Ces sources rapportent encore qu'Abbas a dit à Olmert qu'il ne renoncerait pas à former un gouvernement d'union nationale car "c'est la seule garantie pour préserver le front intérieur, et cela ne concerne pas Israël."Sur le même sujet, un autre quotidien londonien en arabe, Ash SharqAl Awsat', cite des sources israéliennes qui affirment : "Olmert a exprimé de la colère à l'égard de l'accord de La Mecque et a accusé Abbas de tromperie." Le quotidien ajoute qu'Abbas a promis à Olmert que le programme politique du nouveau gouvernement de coalition inclurait l'acceptation del'initiative arabe [saoudienne] qui comprend elle-même la reconnaissance d'Israël. A ce moment, Olmert a explosé et a dit : "Abou Mazen, j'en ai assez de vos promesses là-dessus", ce à quoi Abbas a répondu, lui aussi en colère : "C'est moi qui ne peux pas digérer vos promesses. Vous n'en avezappliqué aucune, même pas sur les check points dans les territoires, qui n'ont pas été levés et dont le nombre n'a pas diminué. Au lieu de donner de l'espoir aux Palestiniens, vous nous étranglez encore plus, et cela va nousfaire exploser." (1) Sur l'échec prévisible de ce sommet (quoi qu'en dise Abbas, mais quepeut-il dire d'autre?), voir notre article "Un sommet pour quoi faire?" :
a'an, 21 février 2007www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=19732www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=19732http://www.lapaixmaintenant.org/article1531Trad. : Gérard pour La Paix MaintenantArticle diffusé par Balanced Middle East NewsMidEastweb http://www.mideastweb.org
2-2 Le Hamas invite les USA et le Quartet à assouplir leur position.
Le Hamas invite les Etats-Unis à clarifier et assouplir leur position vis-à-vis du futur cabinet d’unité nationale que le président palestinien Mahmoud Abbas a chargé le Premier ministre sortant Ismaïl Haniyeh de former, aux termes de l’accord conclu à La Mecque.
"La position américaine reste trouble : un coup c’est une menace de boycottage, un autre c’est ’wait and see’", a estimé Ghazi Hamad, porte-parole de Haniyeh, qui compte former son nouveau cabinet d’ici trois semaines. "Peut-être auront-ils une position plus claire une fois que le gouvernement sera mis sur pied et nous espérons qu’elle sera plus logique et plus souple."
L’accord de La Mecque, que le président Abbas a du mal à "vendre" aux Etats-Unis car il n’implique pas directement une reconnaissance d’Israël par le nouveau gouvernement, le Hamas s’y refusant obstinément, a privé Condoleezza Rice des fruits attendus du sommet israélo-palestinien qu’elle a organisé lundi à Jérusalem.
"Les questions soulevées par l’accord" ont été évoquées lors de cette rencontre entre Abbas, Ehud Olmert et Rice, mais le communiqué final s’en tient à la position du Quartette de médiateurs internationaux formé par les Etats-Unis, l’Onu, l’Union européenne et la Russie.
Cette position signifie, dit le communiqué commun publié après ce sommet à trois, que "tout gouvernement relevant de l’Autorité palestinienne" devra reconnaître le droit d’Israël à l’existence, renoncer à la violence et accepter les accords et obligations existants.
A La Mecque, le Hamas semble s’être seulement engagé auprès d’Abbas à "respecter" les arrangements passés avec Israël - donc les accords d’autonomie conclus en 1993 à Oslo, qui consacrent une reconnaissance mutuelle entre l’Etat juif et l’OLP, dont le mouvement islamiste ne fait pas partie.
Avant le sommet de Jérusalem, Rice avait démenti que les Etats-Unis aient a priori décidé de boycotter le futur gouvernement palestinien et précisé qu’ils attendraient sa formation. "Mais nous avons dit qu’il devait y avoir un engagement en faveur des principes du Quartette et c’est sur cette base que nous jugerons ce gouvernement", avait-elle ajouté.
Olmert a affirmé pour sa part lundi que les Etats-Unis et Israël étaient d’accord pour boycotter le futur gouvernement si celui-ci ne satisfaisait pas à ces trois exigences. Israël exige en outre la libération du caporal Gilad Shalit, capturé en juin par des activistes de trois factions palestiniennes, dont le Hamas.
"Il ne revient ni à l’administration américaine, ni à Israël de définir l’ordre du jour de notre gouvernement", a rétorqué mardi Haniyeh, tout en disant avoir bon espoir de régler le cas de Shalit d’ici à la formation du cabinet.
"Nous avons conclu un accord entre nous et nous agirons en fonction des intérêts palestiniens", a ajouté Haniyeh, qui s’adressait au Conseil législatif palestinien après avoir été informé la veille au soir au téléphone par Abbas du résultat du sommet de Jérusalem.
Le président palestinien a entrepris une tournée de pays européens et arabes pour "expliquer l’accord aux dirigeants mondiaux" et "tenter d’obtenir" la levée du blocus financier et de l’isolement imposés par l’Occident lors de l’arrivée du Hamas au gouvernement, il y a un an, a déclaré un porte-parole du Fatah d’Abbas.
Parallèlement, le Hamas, le Fatah et d’autres factions ont entamé des tractations pour mettre sur pied le gouvernement d’union mais, reprochant au Hamas d’avoir fait volte-face au sujet des accords d’Oslo, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a annoncé qu’il n’y participerait pas.
http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=3708
3 Dossier
Ndlr : PS : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information
3-1 Point de Vue de John V. Whitbeck : Au sujet du “droit d'Israël d'exister”.
Ce qui est demandé est un jugement moral Maintenant qu'une guerre civile, recherchée depuis longtemps par Israël, les Etats-Unis et l'Union Européenne, est sur le point d'éclater, il est temps d'examiner la justification mise en avant par Israël, les Etats-Unis et l'Union Européenne de la punition collective infligée au peuple palestinien en représailles à son « mauvais » choix lors des élections démocratiques de janvier dernier – c'est-à-dire le refus du Hamas de « reconnaître Israël » ou de « reconnaître l'existence d'Israël » ou de « reconnaître à Israël le droit d'exister ».
Ces trois formulations ont été utilisées de façon interchangeable par les médias, les politiciens et même les diplomates, comme si elles signifiaient la même chose. Ce qui n’est pas le cas.“Reconnaître Israël” ou n’importe quel autre Etat est un acte officiel légal/diplomatique par un Etat envers un autre Etat. Il est inapproprié – et même absurde – de parler d’un parti ou d’un mouvement politique, même appartenant à un Etat souverain, qui donnerait reconnaissance diplomatique à un Etat. Parler de la «reconnaissance d’Israël» par le Hamas est tout simplement nul, un raccourci trompeur qui sème la confusion sur la demande réelle qui est faite.“Reconnaître l’existence d’Israël” n’est pas un non-sens logique et implique, à première vue, la reconnaissance manifeste d’un fait de la vie – comme la mort et les impôts. Pourtant, cette formulation comporte de sérieux problèmes pratiques. Quel Israël, à l’intérieur de quelles frontières, cela concerne-t-il ? - Les 55% de la Palestine historique recommandés pour un Etat juif par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 1947 ? - Les 78% de la Palestine historique occupés par Israël en 1948 et considérés maintenant partout dans le monde comme « Israël », ou « territoire israélien » (« Israël proper » en anglais) ?- Les 100% de la Palestine historique occupés par Israël depuis juin 1967 et montrés comme étant « Israël » sur les cartes des livres de classe israéliens ? Israël n’a jamais défini ses propres frontières, puisque le faire le limiterait nécessairement. Cependant, si c’est tout cela qui était demandé au Hamas, il lui serait possible de reconnaître, comme un fait avéré, qu’un Etat d’Israël existe aujourd’hui à l’intérieur de quelques frontières spécifiées.“Reconnaître à Israël le droit d’exister”, la demande réelle, est d’un niveau totalement différent. Cette formulation ne concerne pas des formalités diplomatiques ou une simple acceptation de réalités présentes. Elle appelle un jugement moral.Il y a une différence ENORME entre « reconnaître l’existence d’Israël » et « reconnaître à Israël le droit d’exister ». D’un point de vue palestinien, la différence est de même niveau que de demander à un Juif de reconnaître que l’Holocauste a eu lieu et lui demander de reconnaître qu’il était « juste » que l’Holocauste ait eu lieu – que l’Holocauste (ou, dans le cas des Palestiniens, la Nakba) était moralement justifié.Demander aux Palestiniens de reconnaître « à Israël le droit d’exister », c’est demander à des gens qui ont été traités, depuis presque 60 ans, et continuent d’être traités, comme des sous-hommes de proclamer publiquement qu’ils SONT des sous-hommes – et, au moins implicitement, qu’ils méritent ce qui a été fait, et continue d’être fait contre eux. Même les gouvernements US du 19ème siècle n’ont pas demandé aux Natifs américains survivants de proclamer publiquement la « justesse » de leur nettoyage ethnique par les Visages Pâles comme préalable à toute discussion sur la réserve dans laquelle ils seraient enfermés – sous blocus économique et menace de famine jusqu’à ce qu’ils perdent tout ce qui leur reste de fierté et concèdent ce point.Certains croient que Yasser Arafat a accepté cette reconnaissance pour en finir avec la sauvagerie de la diabolisation et gagner le droit d’être sermonné directement par les Américains. En fait, dans sa fameuse déclaration de Stockholm en 1988, il a accepté « le droit à Israël d’exister en paix et en sécurité ». Cette formulation, d’une manière significative, concerne les / conditions / de l’existence d’un Etat qui, de fait, existe. Elle n’implique pas la question existentielle de la « justesse » de la dépossession et de la dispersion du peuple palestinien de sa terre natale pour faire de la place à un autre peuple venu de l’étranger.L’invention de la formulation “droit à Israël d’exister" et son utilisation comme excuse pour ne discuter avec aucun gouvernement palestinien qui défendrait les droits fondamentaux du peuple palestinien, est attribuée à Henry Kissinger, le grand maître ès-cynisme diplomatique. On peut douter que les Etats qui continuent à utiliser cette formulation le fassent en pleine conscience de ce qu’elle sous-entend, moralement et psychologiquement, pour le peuple palestinien et dans le même but cynique – une sorte de barrage empêchant toute avancée vers la paix et la justice en Israël/Palestine et une manière de donner encore plus de temps à Israël pour créer des situations irréversibles et blâmer en même temps les Palestiniens pour leurs propres souffrances.Cependant, de nombreux citoyens honnêtes et de bonne volonté peuvent se laisser tromper par la simplicité superficielle des mots « le droit à Israël d’exister » (et encore plus aisément par les deux autres raccourcis) et croire qu’ils constituent une demande raisonnable et évidente, et que le fait de refuser une telle demande raisonnable est certainement un signe de perversité (ou d’ « idéologie terroriste ») plutôt que la nécessité de se raccrocher au respect de soi-même et à la dignité comme des êtres humains à part entière, ce que ressentent profondément et comprennent parfaitement, du fond de leurs coeurs et de leurs esprits, des gens trompés depuis longtemps qu’on a dépouillés de presque tout ce qui fait que la vie vaut le coup d’être vécue.Ceci est avéré par les sondages montrant que le pourcentage de Palestiniens qui approuvent la fermeté du Hamas et son refus de plier devant cette demande humiliante de l’ennemi, malgré l’intensité des souffrances et douleurs économiques infligées par le siège israélien et occidental, dépasse de façon significative le pourcentage de population qui a voté pour le Hamas en janvier dernier.Il n’est peut-être pas trop tard pour que les esprits honnêtes de par le monde attirent l’attention sur le caractère déraisonnable – et même immoral - de cette demande et sur la formulation verbale qui la sous-tend, dont l’utilisation abusive a déjà causé tellement de souffrances et menace d’en causer encore bien d’autres.
par John V. Whitbeck
Février 2007
John V. Whitbeck, avocat international, est l'auteur de "The World According to Whitbeck" (“Le monde selon Whitbeck”).
Sources Alter Info
Posté par Adriana Evangelizt
3-2 Point de vue de Uri Avnery : Israël, La Provocation, élevée au rang de méthode du gouvernement.
On n'a rien à attendre d'Olmert le corrompu, marionnette du Haut-Sionistan, pervers et perverti, menteur et hypocrite, ne se complaisant que dans les manigances et les basses oeuvres et manoeuvres. Ce n'est pas avec un dirigeant de cet acabit que les choses pourront s'améliorer en Palestine. D'ailleurs, depuis qu'il s'est assis sur le trône de Sharon, on a pu constater l'horreur qu'il a fait régner tant au Liban qu'en Palestine.
Adriana Evangelizt
La folie pour méthode
QUAND un Premier ministre vient de perdre une guerre, est poursuivi par des affaires de corruption et voit sa popularité descendre en chute libre, que peut-il faire ?
Eh bien, il peut faire des provocations.
Une provocation détourne l’attention, occupe les gros titres, crée l’illusion de la puissance, donne l’impression que l’on mène le jeu.
Mais une provocation est un instrument dangereux. Elle peut provoquer des dégâts irréversibles.
PROVOCATION N°1 : La frontière nord.
Le long de la frontière nord, il y a une clôture. Mais celle-ci ne coïncide pas exactement avec la frontière reconnue (appelée Ligne bleue). Pour des raisons topographiques, des sections de la barrière passent à quelques dizaines de mètres au sud.
Telle est la situation en théorie. Au cours des années, les deux côtés ont pris l’habitude de considérer la clôture comme la frontière. Côté libanais, les villageois cultivent les champs jusqu’à la barrière, champs qui peuvent bien leur appartenir.
Maintenant, Ehoud Olmert a décidé de tirer profit de la situation et de s’affirmer comme un grand et invincible guerrier. Des explosifs récemment trouvés à quelques mètres de la Ligne bleue servent de prétexte. L’armée israélienne affirme qu’ils ont été mis là il y a quelques jours à peine par des combattants du Hezbollah déguisés en chevriers. Selon le Hezbollah, ce sont de vieilles bombes qui se trouvent là depuis avant la dernière guerre.
Olmert envoya des soldats au-delà de la clôture pour ouvrir une « Hissuf » (« zone d’exposition ») - un de ces nouveaux mots hébreu inventés par le service de « blanchiment de la langue » de l’armée pour embellir les choses laides. Cela signifie le déracinement de tous les arbres, afin de dégager la vue et de faciliter les tirs. L’armée a utilisé l’arme qui est la marque de fabrique de l’Etat d’Israël : le bulldozer blindé.
L’armée libanaise a prévenu qu’elle ouvrirait le feu. Quand il s’est avéré que cet avertissement n’avait aucun effet, elle tira vraiment plusieurs salves au-dessus de la tête des soldats israéliens. L’armée israélienne riposta par plusieurs obus de chars sur la position libanaise. Et voilà, nous avons notre « incident ».
Toute cette affaire rappelle beaucoup les méthodes d’Ariel Sharon dans les années 60, quand il était chef des opérations du commandement nord. Sharon est devenu expert en provocations de l’armée syrienne dans les zones démilitarisées qui existaient sur la frontière entre les deux pays à l’époque. Israël revendiquait la souveraineté sur ces zones, alors que les Syriens affirmaient qu’elles constituaient une zone neutre n’appartenant à aucun des deux Etats et dans laquelle les fermiers arabes, qui possédaient la terre, avaient le droit de cultiver leurs champs.
Selon la légende, les Syriens ont mis à profit leur contrôle sur les hauteurs surplombant les villages israéliens dans la vallée. Sans arrêt, les méchants Syriens (les Syriens étaient toujours « méchants ») terrorisaient par des tirs d’obus les pauvres habitants des kibboutz sans défense. Ce mythe, auquel croyaient pratiquement tous les Israéliens à l’époque, a servi à justifier l’occupation des hauteurs du Golan et leur annexion par Israël. Encore aujourd’hui, les visiteurs étrangers sont conduits à un poste d’observation sur les hauteurs du Golan et on leur montre les kibboutz sans défense en contrebas.
La vérité, qui a été dévoilée depuis lors, est quelque peu différente : Sharon avait l’habitude d’ordonner aux habitants des kibboutz de descendre dans leurs abris, et il envoyait un tracteur blindé dans la zone démilitarisée. Comme prévu, les Syriens tiraient sur lui. L’artillerie israélienne, qui n’attendait que ce signal, ouvrait alors un bombardement massif sur les positions syriennes. Il y a eu des dizaines de tels « incidents ».
Maintenant, la même méthode est en train d’être pratiquée par le successeur de Sharon. Des soldats et des bulldozers entrent dans la zone, les Libanais tirent, les chars israéliens les bombardent.
Cette provocation a-t-elle un sens politique ? Car enfin, l’armée libanaise riposte au nom de Fouad Siniora, le chouchou des Etats-Unis et l’adversaire du Hezbollah. Au lendemain de la seconde guerre du Liban, cette armée fut déployée le long de la frontière, à la demande expresse du gouvernement israélien, et cela fut annoncé par Olmert comme un énorme résultat israélien. (Jusqu’alors, les commandants de l’armée israélienne étaient vigoureusement opposés à l’idée de faire stationner des troupes libanaises ou internationales dans cette zone, sur des terrains où cela pourrait contrarier leur liberté d’action).
Alors, quel est le but de cette provocation ? Le même que dans toutes les actions récentes d’Olmert : gagner en popularité pour survivre au pouvoir, dans ce cas en créant des tensions.
PROVOCATION N°2 : Le Mont du Temple.
L’Islam a trois villes saintes. La Mecque, Médine et Jérusalem. A La Mecque cette semaine, les chefs du Fatah et du Hamas se sont réunis pour mettre fin aux tueries et pour mettre en place un gouvernement d’union. Pendant que l’attention de l’opinion palestinienne concernée était captivée par cet événement, Olmert frappait Jérusalem.
La « Porte des Maghrébins » servit de prétexte. C’est une entrée pour le Haram al-Sharif (« le Grand sanctuaire »), vaste place où se trouvent la mosquée al-Aqsa et le Dôme du rocher. Comme cette porte est plus haute que la zone du Mur occidental en-dessous, on ne peut l’approcher qu’en passant sur un pont incliné ou une passerelle.
Le vieux pont s’est écroulé il y a quelque temps. Il a été remplacé par une structure provisoire. Aujourd’hui l’« Autorité des Antiquités israéliennes » est en train de détrruire le pont provisoire pour mettre à sa place - c’est du moins ce qui est dit - un pont permanent. Mais le travail semble beaucoup plus conséquent.
Comme on pouvait s’y attendre, des échauffourées se sont immédiatement produites. En 1967, Israël a annexé formellement ce lieu et revendiqué sa souveraineté sur l’ensemble du Mont du Temple. Les Arabes (et le monde dans son ensemble) n’ont jamais reconnu cette annexion. Dans la pratique, le Mont du Temps est géré par le Waqf islamique (fondation religieuse).
Le gouvernement israélien prétend que le pont ne fait pas partie du Mont du Temple. Les Musulmans affirment que le pont en fait partie. Derrière cette bataille, il y a un vague soupçon arabe que l’installation du nouveau pont n’est qu’une couverture et qu’il y a quelque chose en dessous.
A la conférence de Camp David en 2000, les Israéliens ont fait une proposition qui semblait bizarre : laisser la zone elle-même aux Musulmans mais avec une souveraineté israélienne sur le sous-sol. Cela a renforcé la croyance des musulmans que les Israéliens avaient l’intention de creuser sous le Mont, afin d’y retrouver des traces du temple juif détruit par les Romains il y a 1.936 ans. Certains croient que la véritable intention était de provoquer l’écroulement des Lieux Saints islamiques afin d’ y construire à leur place un nouveau temple.
Ces soupçons sont entretenus par le fait que la plupart des archéologues israéliens ont toujours été les serviteurs loyaux de la propagande officielle. Depuis l’émergence du sionisme moderne, ils se sont engagés dans une entreprise désespérée pour « trouver » la preuve archéologique de la vérité historique des histoires de l’Ancien Testament. Jusqu’à maintenant, ils sont bredouilles : il n’existe aucune preuve archéologique de l’exode d’Egypte, de la conquête de Canaan et des Royaume de Saul, David et Salomon. Mais dans leur impérieux désir de prouver l’improuvable (parce que dans l’opinion de la grande majorité des archéologues et du historiens hors d’Israël - et aussi de quelques-uns en Israël - les histoires de l’Ancien testament ne sont que des mythes sacrés), les archéologues ont détruit de nombreuses strates des autres périodes.
Mais cela n’est pas le plus important. On peut discuter à l’infini sur la responsabilité sur le sentier des Maghrébins ou sur ce que les archéologues cherchent. Mais il n’y a pas de doute que ceci est une provocation. Elle a été conduite comme une opération militaire surprise, sans consultation avec l’autre partie.
Personne ne pouvait mieux qu’Olmert savoir à quoi s’attendre. Celui-ci, en tant que maire de Jérusalem, fut responsable de la mort de 85 êtres humains - 69 Palestiniens et 16 Israéliens - dans une provocation semblable quand il a « ouvert » un tunnel près du Mont du Temple. Et tout le monde se souvient, bien sûr, que la seconde Intifada a commencé avec la « visite » provocatrice au Mont du Temple d’Ariel Sharon.
C’est une provocation contre 1,3 milliard de musulmans, et particulièrement contre le monde arabe. C’est un coup de poignard dans le dos du « modéré » Mahmoud Abbas, avec lequel Olmert prétend être prêt à avoir un « dialogue » - et ceci au moment même où Abbas est parvenu à un accord historique avec le Hamas pour la formation d’un gouvernement d’union nationale. C’est aussi un coup de poignard dans le dos du roi de Jordanie, allié d’Israël, qui se considère comme le protecteur traditionnel du Mont du Temple.
Dans quel but ? Pour prouver qu’Olmert est un dirigeant fort, le héros du Mont du Temple, le défenseur des valeurs nationales, qui n’a rien à faire de l’opinion publique mondiale.
PROVOCATION N° 4 : Après la condamnation d’Haïm Ramon pour conduite indécente, le poste de ministre de la Justice est devenu vacant. Par surprise, après avoir créé la confusion en dévoilant les noms des candidats acceptables, Olmert a nommé à ce poste un professeur qui est l’ennemi ouvert et déclaré de la Cour suprême et de l’avocat général.
La Cour suprême est presque la seule institution gouvernementale en Israël qui jouisse encore de la confiance de la grande majorité de la population. Le dernier président de la Cour, Aharon Barak, m’a dit un jour : « Nous n’avons pas de troupes. Notre pouvoir n’est basé que sur la confiance des gens. » Aujourd’hui, Olmert a nommé un ministre de la Justice engagé depuis longtemps et très visiblement, à détruire cette confiance. Il semble vraiment que ce soit son seul intérêt dans la vie, surtout depuis qu’il n’a pas réussi à faire nommer à la Cour Suprême une professeure, amie proche.
On peut percevoir dans tout ceci la volonté d’Olmert, politicien qui traîne derrière lui toute une série d’affaires de corruption (dont plusieurs sont actuellement en cours d’enquête de la police et des contrôleurs d’Etat) de mettre les bâtons dans les roues aux enquêteurs, à l’avocat général et aux tribunaux. Cette provocation sert également à se venger du tribunal qui a osé condamner Ramon, son ami et allié. Olmert n’a bien sûr pas consulté qui que ce soit dans le système judiaire, ni l’avocat général (dont le titre officiel est « conseiller juridique du gouvernement ») ni le président de la Cour suprême, Dorit Beinish, qu’il ne peut pas supporter.
Je ne suis pas un admirateur béat de la Cour suprême. C’est un rouage dans la machinerie de l’occupation. On ne peut pas compter sur elle pour les questions comme les assassinats ciblés, le mur de séparation, la démolition de maisons palestiniennes et les mille et un autres cas sur lesquels flotte la fausse bannière de la « sécurité ». Mais elle est le dernier bastion des droits de l’homme à l’intérieur d’Israël même.
La nomination du nouveau ministre est un coup porté à la démocratie israélienne, et donc pas moins dangereuse que les deux autres provocations.
QEST-CE LES TROIS provocations ont en commun ? Tout d’abord : leur caractère unilatéral. Quarante ans d’occupation ont créé une mentalité d’occupation qui détruit tout désir et toute possibilité de résoudre les problèmes par compréhension mutuelle, dialogue et compromis.
Tant dans les affaires étrangères qu’à l’intérieur, les méthodes de la mafia règnent : violence, coups fourrés, éliminations.
Quand ces méthodes sont utilisées par un politicien hanté par les affaires de corruption, un belliciste invétéré qui se bat par tous les moyens possibles pour survivre, c’est vraiment une situation très dangereuse.
par Uri Avnery
18 Février 2007
Traduit de l’anglais « The Method in the Madness » : RM/SW]
Sources Europalestine
Posté par Adriana Evangelizt
3-3 Point de vue de Alain Gresh : Le Hamas est-il sorti vainqueur du sommet de La Mecque ?.
Après plusieurs semaines d’affrontements, le Hamas et le Fath sont arrivés à un accord pour mettre un terme aux combats, pour créer un gouvernement d’union nationale et pour tenter de rénover l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), dont le Hamas est, pour l’instant, exclu. Cet accord a été signé dans la nuit du 8 au 9 février à La Mecque sous l’égide du roi Abdallah d’Arabie saoudite, dont l’activisme diplomatique est à remarquer, aussi bien au Liban que sur le dossier irakien. L’accord est fondé sur deux textes : la lettre de Abou Mazen chargeant Ismaïl Haniyeh de former le gouvernement et que j’ai publiée sur ce blog ; le document d’entente nationale (voir sur ce blog « incertitudes sur la levée du blocus en Palestine », élaboré à partir du document des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes et ratifié par les deux organisations en juin 2005.
Dans un long entretien à la télévision saoudienne Al-Ikbariyya, en date du 12 février, Khaled Meshal, dirigeant du Hamas revient sur cet accord (on trouvera le texte anglais en intégral en document joint à cet envoi). Il déclare : « Nous n’avons pas seulement besoin d’un gouvernement d’unité nationale, mais nous avons besoin de plus, d’un partenariat réel sur le terrain, sur la politique, sur les positions que nous défendons et dans les responsabilités que nous assumons, en particulier parce que nous sommes encore au stade de la libération nationale et de la confrontation avec l’occupation... »
Sur le programme politique du gouvernement, Meshal affirme que « n’est pas le programme d’une faction particulière. Ni celui du Fath ni celui du Haas, ni un autre programme, mais le gouvernement sera basé sur un programme politique qui est le dénominateur commun de toutes les factions ». « Chaque faction a ses convictions, mais, comme gouvernement d’union nationale, nous nous sommes mis d’accord sur ses bases politiques et celles-ci définissent nos but nationaux et ce à quoi nous aspirons, un Etat palestinien dans les frontières du 4 juin 1967. » Cette affirmation est très importante, et elle confirme l’évolution du Hamas, malgré son refus de reconnaître formellement l’Etat d’Israël (sur ce problème, on pourra lire l’excellent article de Paul Delmotte paru dans le numéro de janvier du Monde diplomatique et intitulé « Le Hamas et la reconnaissance de l’Etat d’Israël. »
Ce pas en avant du Hamas est reconnu par le journaliste Zvi Bar’el, dans Haaretz du 11 février, « Khaled Meshal for president » (Khaled Meshal comme président). Bar’el note que « Israël fait face à une nouvelle réalité palestinienne, une réalité dans laquelle le Hamas est un partenaire essentiel puisqu’il a fait un pas significatif vers la reconnaissance d’Israël ». « Il devient de plus en plus clair à Abou Mazen, mais aussi à l’Arabie saoudite et à l’Egypte, que désormais chaque décision palestinienne sera soumise au veto ou à l’accord de Khaled Meshal. Si, jusqu’à présent, Meshal était uniquement capable de donner le ton des décisions du Hamas, à partir de maintenant Abbas et Meshal devront se coordonner sur le terrain. Le pouvoir de Meshal grandira encore si les deux parties avancent sur des discussions pratiques autour de la réorganisation de l’OLP. »
Pour la droite israélienne comme pour les Etats-Unis, il est évident que le Hamas est le grand gagnant de l’accord. « Why Hamas came out clear winner from Mecca summit » (pourquoi le Hamas est le grand vainqueur du sommet de La Mecque), tel est le titre d’un article de Khaled Abu Toameh, dans The Jerusalem Post du 11 février. Il note notamment que le sommet de La Mecque a renforcé le rôle du Hamas comme une force politique majeure au Proche-Orient. Il se termine par cette curieuse remarque : « L’accord n’appelle à effectuer aucun changement dans le conseil législatif dominé par le Hamas. Cela signifie que le gouvernement d’unité sera en permanence sous la menace de perdre un vote de confiance si le Hamas n’approuve pas sa politique. » Le journaliste suggère-t-il que la composition du conseil, définie par les électeurs au scrutin de janvier 2005 aurait dû être changée sans consulter la population ?
« U. S. the Big Loser in the Mecca Deal ? » (Les Etats-Unis sont-ils le grand perdant dans l’accord de La Mecque ?) s’interroge Elaine Shannon dans le Time. Dans ce texte, Martin Indyk, ancien ambassadeur américain en Israël affirme que l’accord est un « immense embarras » pour Rice ; il poursuit en disant que ce texte n’est pas à ce à quoi pensait l’administration américaine : « Ils espéraient que Abou Mazen, soutenu par l’Egypte et l’Arabie saoudite, avancerait sur la voie de l’exclusion du Hamas. Ils ne s’attendaient pas à un compromis avec le Hamas. Ils ne voulaient pas ce compromis et ils ne pensaient pas que celui-ci était nécessaire. » Surtout, Indyk pense, à juste titre me semble-t-il, que l’accord s’inscrit contre les efforts de l’administration Bush de forger une solide alliance des pays modérés arabes, dirigée notamment contre l’Iran.
La cacophonie des réactions des membres du Quartet est significative. Alors que les Etats-Unis ont réitéré leurs exigences (reconnaissance d’Israël, arrêt de la violence - par les Palestiniens seulement ! – et acceptation des accords déjà signés), la Russie, selon une dépêche de l’AFP du 9 février, « a salué vendredi l’accord entre les mouvements palestiniens Fatah et Hamas sur la formation d’un gouvernement d’union nationale et invité le Quartette à discuter dans ce nouveau contexte d’une levée du "blocus" économique imposé aux Palestiniens. "Moscou salue l’accord sur la formation d’un gouvernement d’union nationale", a déclaré le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Kamynine, cité par les agences russes. "Nous estimons que seule une telle voie peut conduire à la stabilisation dans les territoires palestiniens et autour d’eux", a-t-il ajouté, selon Itar-Tass. Moscou a estimé que le Quartette (Etats-Unis, Union Européenne, Russie et ONU) devrait étudier attentivement cet accord et discuter de la question du "blocus" économique, alors que le gouvernement du Hamas est privé d’aides financières par les Etats-Unis et l’UE depuis sa prise de fonctions en mars 2006 ».
Selon un dépêche de l’AFP du 10 février, « Jacques Chirac a estimé samedi, dans un entretien téléphonique avec le roi Abdallah d’Arabie saoudite, que l’accord entre le Fatah et le Hamas sur un gouvernement d’union "doit recevoir le plein soutien de la communauté internationale", a rapporté l’Elysée. Le président Chirac a "chaleureusement félicité" le roi pour l’accord "conclu sous son égide", jeudi à La Mecque, par le président Mahmoud Abbas, du Fatah, et le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, et "a exprimé l’espoir que cet accord mette fin aux affrontements entre Palestiniens". Il "a estimé que l’accord, qui constitue un premier pas dans la prise en compte des principes du Quartette, doit recevoir le plein soutien de la communauté internationale" ».
En attendant sa réunion du 22 février à Berlin, « le Quartet réserve son jugement. ». On en saura un peu plus avec la réunion Olmet-Abou Mazen-Rice le 19 février.
Quoiqu’il en soit, les Palestiniens sortent renforcés de cet accord. Même si beaucoup d’obstacles demeurent à sa mise en oeuvre, le texte signé a mis fin aux combats fratricides et créé les bases d’une unité des Palestiniens qui devrait permettre de lutter plus efficacement pour leurs droits.
par Alain Gresh
Sources Global Research
Posté par Adriana Evangelizt
3-4 Point de vue de Azmi Bishara : Plutôt que l’apaisement.
Pour un peuple, sans racines ou sous occupation, les Palestiniens ont fait plus qu’il ne faut en matière d’initiatives diplomatiques.
Ne serait-il pas normal qu’un peuple occupé lutte pour sa libération jusqu’à la victoire ou continue à résister et force ainsi la communauté internationale ou le pouvoir occupant de trouver une solution à des situations qui ne sont plus tenables ?
La norme veut donc que la résistance soit accepte les propositions et dépose les armes, soit les rejette et continue à se battre jusqu’à ce que des propositions plus raisonnables lui soient faites. En outre, un objectif central est censé inspirer les actions de la résistance : la libération et la réalisation de l’autodétermination.
Dans le cas de la Palestine, nous assistons au processus inverse : les Palestiniens ont présenté tant d’initiatives et de propositions qu’il leur est difficile de se rappeler le but de leur lutte, non seulement le but initial, mais le dernier en date également. Ce faisant, ils ne font plus la distinction entre stratégies et tactiques, entre tactiques et délusion et entre viser des objectifs tactiques et complaire à autrui.
Ce n’est pas que leurs tentatives de plaire aient eu beaucoup de succès ; elles ont plutôt aiguisé l’appétit de ceux qui voyant dans de telles tentatives un signe de faiblesse, ont relevé leurs exigences d’un cran. Israël n’acceptera jamais les idées palestiniennes parce qu’il les trouve à son goût, mais uniquement si leur mise en œuvre lui convient ou s’il est forcé de les accepter. Par exemple, quand les attaques suicides ont atteint leur paroxysme pendant la deuxième Intifada, le monde israélien du capital et des affaires a obligé le gouvernement à choisir entre la reprise du processus de paix jusqu’à son aboutissement ou la construction du mur de séparation. Le gouvernement a choisi le mur.
Les Palestiniens et les Arabes n’ont présenté que trop d’initiatives et de propositions de règlement et de phases intérimaires. Israël a constamment refusé de les prendre en compte et il est évident qu’il en attend d’autres, sans aucun doute convaincu qu’à chaque nouvelle proposition les Palestiniens placeront la barre moins haut. Il est assurément grand temps que les Arabes attendent qu’Israël leur adresse des propositions ou des initiatives qu’ils pourront soit accepter, soit rejeter, au lieu de se laisser bousculer par la logique de l’unilatéralisme et la construction de murs de séparation.
Entretemps, s’ils ont besoin d’une sorte d’inspiration unificatrice, ils peuvent toujours tirer profit du document de consensus national palestinien qui constitue le terrain d’entente le plus large qui soit, ainsi que des résolutions adoptées par l’OLP lors des sessions successives du Conseil national. Comme ni Israël, ni les Etats-Unis ne sont sur le point de produire une proposition de solution acceptable dans un avenir prévisible, les Palestiniens, spécialement après l’accord entre le Hamas et le Fatah, devraient faire savoir que eux non plus n’ont pas d’autres propositions à faire et qu’il ne leur incombe pas de faire des propositions, mais plutôt de lutter contre l’occupation et contre le mur de séparation, la judaïsation de Jérusalem et d’autres objectifs nationaux.
Jérusalem, par exemple, n’existe pas dans le vide. Ses représentants à l’Assemblée nationale palestinienne ont été arrêtés et aucun leadership convenablement organisé et financé n’a pris la relève d’Orient House et des comités populaires de quartier. Que s’est-il passé ? A un moment donné, les gens ont cessé de se concentrer sur les droits nationaux de Jérusalem comme ville arabe palestinienne, partie du peuple palestinien et du projet national palestinien et ont commencé à se focaliser sur leurs droits civils en tant qu’Israéliens. Soixante pour cent des enfants de Jérusalem fréquentent des écoles qui relèvent de la municipalité israélienne de Jérusalem.
La brutalité de la situation dans laquelle ils vivent nous force inévitablement à exiger leurs droits - et par cela nous voulons dire leurs droits en tant qu’Israéliens- auprès du Ministère israélien de l’Education. Toutefois, si nécessaire que soit ce processus, il se déroule en dehors du cadre et des limites du projet national palestinien et s’est inscrit dans le processus d’israélisation et d’annexion de Jérusalem et de sa population. Je suppose donc que je n’avais pas à être surpris de voir récemment un groupe de douze écoliers de Jérusalem-Est visiter la Knesset dans le cadre de leur programme d’éducation civique comme s’ils avaient été des étudiants arabes vivant à l’intérieur de la Ligne verte.
Si la mosquée d’Al-Aqsa est en danger en tant qu’œuvre architecturale, la souveraineté palestinienne et islamique arabe court un danger bien plus grand. Les personnes qui sont censées exercer leur souveraineté - c’est à-dire, le peuple palestinien y compris la société palestinienne de Jérusalem - sont également en péril. Les Arabes vivant à l’intérieur de la Ligne verte vont régulièrement prier dans la mosquée d’Al-Aqsa et font de leur mieux pour qu’elle reste une mosquée, mais ils sont citoyens israéliens et ne peuvent pas exercer leurs droits souverains. Si admirables que soient leurs efforts, ces Arabes ne constituent pas un Etat et même pas un Etat en voie de formation. Ils sont citoyens de la puissance d’occupation elle-même.
La transformation de la mosquée d’Al-Aqsa - du fait de sa fermeture et de l’absence d’une résistance arabe - en une mosquée pour les Arabes vivant à l’intérieur de la Ligne verte ne peut guère constituer un rempart contre le danger. L’opinion mondiale se rend-elle compte qu’Israël refuse aux habitants de la Rive occidentale et de Gaza l’accès à l’un des lieux de pèlerinage les plus sacrés de l’Islam violant ainsi leurs droits fondamentaux en matière de liberté de culte ?
Pourtant, la libération de Jérusalem et de la mosquée d’Al-Aqsa ainsi que l’exercice de la souveraineté arabe et musulmane sur le sanctuaire sont étonnamment absents de toutes les démarches politiques et diplomatiques liées au « processus de paix ». Il en va de même pour la protection de la société arabe de Jérusalem, le respect de leurs personnes et de l’identité arabe de Jérusalem, y compris de la mosquée Al-Aqsa.
Si nous ajoutons à cela l’érosion du statut de Jérusalem et la peau de chagrin que constituent les refuges palestiniens qui étaient une partie intégrante et primordiale de la cause palestinienne pour devenir une série de causes humanitaires de gravité diverse selon les pays dans lesquels vivent les réfugiés, nous constatons que la cause palestinienne a été ramenée à une négociation pour un Etat palestinien selon la définition de Bush et Olmert. La dépendance à l’égard du « processus de paix » - et il faut insister lourdement sur « processus »- a laissé un trou énorme à Jérusalem, dans la diaspora palestinienne et dans le projet national palestinien dans son ensemble.
Le « processus » est devenu un objectif en soi : certains hommes politiques estiment que leur carrière et leur vie politiques ne valent rien s’ils ne rencontrent pas un officiel américain lors d’une tournée diplomatique dans la région, ne se font pas photographier à ses côtés, ne font pas un commentaire sur l’importance de leur rencontre et ne réprimandent pas les Etats-Unis pour leur parti-pris en faveur d’Israël au moins une fois par cycle de négociation.
Le processus est comparable à celui d’une famille élargie : elle abandonne les enfants perdus si elle se défait et joue les entremetteuses jusqu’à ce que sous l’effet de quelque catastrophe les amoureux pleurent sur leur misérable sort au café. Le processus est tout et ceux qui en font partie s’arrangeront pour vous dire que cette fois-ci l’Amérique est sérieuse ; contrairement à l’impression générale, ils ont détecté un nouveau sens des responsabilités chez le quelconque officiel américain qu’ils ont rencontré.
Ils vous mettront aussi en garde contre ceux qui s’emploient à donner à l’Amérique une excuse pour se laver les mains du sort de cette région et s’empresseront de vous rappeler la démagogie et la stratégie du bord de l’abîme pratiquée par les Arabes. Ce sont les Arabes qui ont perdu la Palestine et pendant qu’on y est, ils ouvriront le registre historique des mauvais points de la Syrie et de l’Iran, de tous ceux qui n’ont pas reconnu Israël et des Arabes en général, à l’exception de ceux qui font pression sur les Palestiniens pour qu’ils sacrifient leurs droits nationaux.
Maintenant que les Palestiniens sont passés du slogan ‘A bas le sionisme » à « Non, aux conflits internes » deux délégations palestiniennes se sont rendues à La Mecque. Elles subissent de fortes pressions pour arriver à un accord sur les moyens d’éviter les conflits, considérés par l’une et l’autre comme une sorte de gestion de la crise. Toutefois, certaines parties y voient l’occasion de dicter les règles du « jeu des nations » aux Palestiniens vivant sous l’occupation, arguant que l’accord doit être capable d’obtenir la levée du blocus.
La seule façon d’interpréter cette position est que l’on donne ainsi raison à ceux qui ont imposé le blocus à preuve que « ramenée à la raison », la partie qui le subit a changé de position. Le corollaire inévitable est bien entendu que la politique de la force est efficace, que « la raison du plus fort est toujours la meilleure ».
Les conséquences seront importantes pour l’avenir du « processus politique ». Certains membres des délégations ont déjà menacé de demander des élections prématurées, ce qui vu les tensions actuelles équivaut à lancer un appel à la guerre civile.
Seul un front uni contre le blocus, peut mettre fin à celui-ci. Le blocus perd sa raison d’être si ceux qui l’ont monté ne peuvent trouver personne en Palestine pour en faire une base de pouvoir et tirer profit de la situation misérable de la population pour allumer sa colère contre le gouvernement qu’elle a élu. Depuis la signature du concordat national qui se fondait sur le document relatif aux prisonniers palestiniens, la ruée pour sauter dans le train des injonctions politiques a été à l’origine de chaque nouvel affrontement qui a suivi les trêves. Dans le cadre du blocus, tout nouvel accord obtenu au prix de coercition, de chantage, de menaces de poursuite du blocus et d’appels à référendums et élections, forment la base de nouvelles exigences, déclenchant une nouvelle flambée de violence.
Si l’on est animé de bonnes intentions, il n’y a pas lieu d’être fier d’arriver à la tenue de nouvelles élections et tout lieu d’avoir honte de rejeter les résultats d’élections légitimes. Mais donner la preuve de ses bonnes intentions suppose que l’on renonce à imposer des conditions sous les étendards du blocus et que l’on parte d’un agenda politique commun ayant le caractère du Concordat national. En fait, ce document convient très bien comme plateforme pour un gouvernement palestinien. Que le Hamas y ait contribué et l’ait accepté représente rien de moins qu’une révolution sur le plan de ses conceptions et de ses perspectives politiques.
Le Hamas n’avait jamais participé à la rédaction de la Charte nationale ni à ses amendements ultérieurs. Les résolutions adoptées par les assemblées du Conseil national qui se sont succédé et le fond du document lui-même constituent un énorme compromis par rapport à la propre charte du Hamas et en fait, par rapport à son programme électoral. Cela devrait suffire pour arriver à un accord interne.
Si néanmoins, certains ont pour objectif d’apaiser les puissances étrangères, la voie vers une prochaine série d’affrontements intérieurs est toute tracée : un accord adapté à la levée du blocus, l’autorisation par le président de l’AP et de ses conseillers pour le début des négociations, les accords conclus en secret avec Israël, l’annonce de ces accords assortie de la menace que si le Hamas refuse de les accepter on lancera un appel pour de nouvelles élections ou pour un référendum, etc.
Qu’il y ait des pressions dans ce sens est évident vu l’annonce de la prochaine réunion à Jérusalem entre Olmert et Abbas en présence de Rice. Si Olmert sort de cette rencontre et d’entretiens ultérieurs entre Israël et les Etats-Unis avec des propositions qui ne répondent pas aux exigences palestiniennes minimums et menace ensuite de les soumettre à un référendum, les Palestiniens recommenceront à se déchirer. Si en revanche, l’accord palestinien d’unification repose sur des appels pour la fin du blocus et la fin des violations à Jérusalem et d’autres demandes de ce type, la capacité du peuple palestinien à résister à l’occupation s’en trouvera renforcée.
Pour la réalisation et le respect d’un tel accord il faudra que les dirigeants palestiniens changent leur mode de pensée et d’action. Ils doivent complètement nettoyer leur modus operandi et éliminer les virus qui les ont amenés à dicter des conditions de nature à apaiser les puissances extérieures. Si l’accord qui est sorti de la réunion de La Mecque doit aboutir - et il est hors de doute qu’il le doit - il faudra que les dirigeants palestiniens apprennent à conjuguer leurs efforts pour atteindre les objectifs palestiniens communs au lieu de chercher à plaire à un public extérieur.
A cet égard, il serait utile et cela éviterait indubitablement beaucoup d’acrimonie, s’ils plaçaient dans une perspective appropriée les destinataires des différents portefeuilles ministériels. Peu importe par exemple que le ministre des affaires étrangères appartienne au Hamas ou au Fatah du moment qu’il est subordonné au président, décideur ultime en matière de politique étrangère. Si, en revanche, la prise de décisions est répartie entre le gouvernement, la présidence et le parlement, il serait préférable que le ministre des affaires étrangères n’appartienne à aucune des deux factions. Une telle indépendance accroîtrait la crédibilité et l’efficacité de la mise en application de mesures résultant d’un équilibre et faciliterait leur accueil à l’étranger.
Ceci n’est pas nécessairement vrai pour le ministre de l’intérieur. Dans tous les pays démocratiques, le ministre de l’intérieur ou de la sécurité, tout comme celui des affaires étrangères, est généralement membre de l’un ou l’autre parti politique, peu importe lequel. Accepter la filiation politique des ministres fait partie intégrante de la vie démocratique dans laquelle les partis politiques forment les identités principales participant du processus politique. Ce qui importe est que les appareils de sécurité eux-mêmes soient non-partisans.
Pendant la période qui a suivi Oslo, les services de sécurité palestiniens ont été essentiellement Fatah, qu’il s’agisse de leurs membres, de leur allégeance ou des lignes de commandement. Ces services doivent être unifiés, neutralisés sur le plan politique et remis en état afin d’empêcher que des considérations partisanes n’influent sur les nominations et les opérations internes. Dans ce cas, il n’y aurait rien de mal à ce que le ministre de l’intérieur vienne du Hamas, spécialement si une telle nomination faisait contrepoids à un président Fatah en sa qualité de commandant en chef des forces de sécurité.
A l’inverse, il ne sert à rien d’avoir un « indépendant » comme ministre de l’intérieur si les forces de sécurité elles-mêmes ne sont pas non-partisanes et à moins qu’une limite ne soit tracée entre les forces de sécurité dont la tâche consiste à préserver la sécurité et celles qui se substituent à une armée pour supprimer la résistance.Azmi Bishara
15 février 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :http://weekly.ahram.org.eg/index.htmTraduction : AMG [Info-Palestine.net] Source : Info Palestinehttp://www.info-palestine.net/...
3-5 Point de vue de Amira Hass : la Bande de Gaza, c’est à l’étranger.
C’est maintenant officiel : la Bande de Gaza, c’est à l’étranger. A partir du 1er février, les rares Israéliens auxquels l’armée en autorise l’accès, doivent présenter un passeport au passage d’Erez et ils sont enregistrés dans l’ordinateur du Ministère de l’Intérieur comme étant sortis des frontières de l’Etat.
Etrange manière, pour Gaza, d’être ‘à l’étranger’. Les Israéliens ont besoin d’un passeport pour s’y rendre. Les Palestiniens de Jérusalem, d’un permis de voyager, ce même document qu’ils doivent présenter lorsqu’ils prennent l’avion pour Paris à l’aéroport Ben Gourion. Mais lorsqu’ils se rendent en Jordanie via le pont Allenby, ils le font avec un passeport jordanien. Quant aux Palestiniens vivant dans cet ‘étranger’ gazaoui, ils sont pour le moment dispensés de présenter un passeport palestinien au passage. Le sont également, les habitants de Cisjordanie. Et cela, sur ordre du Ministre israélien de l’Intérieur.
Cet embrouillamini de procédures est encore plus frappant quand on considère le fait qu’Israël n’autorise que peu de personnes à entrer dans la Bande de Gaza ou à en sortir. Seuls quelques Israéliens peu nombreux reçoivent le permis : en particulier ceux qui ont de la famille proche à Gaza, et ceux qui sont mariés - essentiellement mariées - depuis des années à des habitants de la Bande de Gaza. L’obtention d’un permis exige une coordination préalable, très lourde, qui prend parfois des jours, jusqu’à ce que la demande de permis ou de prolongation de permis atterrisse dans le fax, enfin libre, du « Bureau des Israéliens » de l’Administration civile (organe militaire auquel le Ministre israélien de l’Intérieur a donné autorité de continuer de s’occuper du passage).
Parcourir le demi kilomètre qui sépare le côté palestinien du côté israélien impose une autre coordination encore, par téléphone, et une attente de plusieurs heures jusqu’à ce que, du côté israélien, soldats et fonctionnaires autorisent le détenteur du permis à avancer. Mais ce n’est pas cela - qui peut rappeler à beaucoup quelque chose des difficultés de passage qu’imposaient des régimes totalitaires entre pays de l’Europe de l’Est - qui est le plus singulier dans l’étrange manière dont Gaza est ‘à l’étranger’.
Sa singularité tient essentiellement à un autre motif , plus fondamental : tous les habitants de Gaza sont enregistrés dans un seul et même registre de population, avec les habitants de la Cisjordanie, qui n’est pas ‘à l’étranger’, et le Ministère israélien de l’Intérieur contrôle l’entièreté de cette base de données. Par le biais de ce contrôle, les représentants du Ministère de l’Intérieur au sein de l’Administration civile disposent de pouvoirs que n’a pas le Ministre palestinien de l’Intérieur. Ce contrôle a permis à Israël de faire perdre à des milliers de Palestiniens leur statut de résidents, après 1967. Il a autorisé des liens maritaux, sociaux, économiques, religieux et culturels entre Gaza et la Cisjordanie, jusqu’en 1991 - pour les rompre ensuite. Ce contrôle permet à Israël d’empêcher que des citoyens étrangers ne s’ajoutent au registre de population, d’intervenir jusqu’à fixer le choix du conjoint, le lieu des études, le type de soins médicaux, l’adresse de résidence, le temps passé avec les enfants, la participation aux réjouissances et aux funérailles, la rédaction des testaments et le partage de la propriété familiale. Israël a le pouvoir d’interdire l’entrée à des amis et à des proches qui ne sont pas des résidents palestiniens - non seulement leur entrée en Israël, mais aussi en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Depuis octobre 2000, l’interdiction s’est étendue. Le passage au terminal de Rafah, quand il est ouvert, n’est autorisé qu’aux Palestiniens enregistrés comme résidents dans l’ordinateur israélien. Israël a le pouvoir d’interdire des Gazaouis de se rendre en Cisjordanie et de s’y établir. Et Israël y met une ferveur qui ne cesse de croître depuis 1991, quand il a lancé sa politique de bouclage. Tel est ce lieu ‘à l’étranger’ dont l’accès aux Israéliens est soumis à l’obligation d’un passeport. Tel est ce lieu ‘à l’étranger’ dont Israël dit n’avoir aucune responsabilité dans ce qui s’y déroule. Et telle est la grandeur de l’occupation israélienne : parvenir à se faire passer pour inexistante, tout en détenant des pouvoirs qui s’étendent jusqu’aux chambres à coucher.
Non, il ne s’agit pas ici de recommander la prise de nouvelles dispositions unilatérales et qu’en plus de la coupure géographique et humaine, on efface les Gazaouis du registre de population que contrôle Israël. Au contraire ! Il est préférable qu’Israël continue de fureter dans les chambres à coucher plutôt que d’adopter une mesure qui, en fin de compte, achèverait la coupure de la population de Gaza d’avec ses frères de Cisjordanie.
La crainte est fondée. La décision d’un tel effacement serait assez conforme au mode de pensée qui caractérise la politique d’Israël à l’égard de la Bande de Gaza depuis 1991. Au cours de ces 16 dernières années, les habitants de cette bande de terre surpeuplée de 360 km² se sont vus imposer de s’habituer à sa transformation en une espèce de « marché autarcique » isolé et de se contenter du peu qu’il peut produire : une eau en quantité toujours plus faible (et toujours plus polluée), une terre en diminution, des sources de revenus en déclin, une industrie et une agriculture sans marchés, des institutions d’enseignement et de santé de médiocre qualité, du fait de l’isolement physique et humain d’avec le monde et la Cisjordanie.
Le sommet de cette politique a été, jusqu’à présent, le désengagement de 2005. C’est une politique en contradiction avec ce qui est écrit dans les accords d’Oslo (que la Bande de Gaza et la Cisjordanie sont une seule et même entité territoriale) et avec les résolutions internationales en vue d’une solution de paix. Mais l’évacuation de la Bande de Gaza de quelques milliers de colons a été vendue avec succès comme le signe de la modération d’Israël, pendant que celui-ci renforçait toutes les modalités de son contrôle sur la Cisjordanie. L’effacement des Gazouis du registre de population ? Israël est en mesure de vendre cela aussi sous le couvert de vouloir bien faire. Mais il ne fera qu’aggraver la détresse humaine du million quatre cent mille habitants de la Bande de Gaza et leur isolement du monde. Et c’est la recette assurée pour maintenir éloigné un règlement de paix juste entre Israël et les Palestiniens.
Amira Hass
Alain Grandbois, Etrange manière d’être "à l’étranger"
Haaretz, 14 février 2007.
« Lis lentement. Comme je t’écris. »Alain Grandbois, Lettres à Lucienne,Montréal, L’Hexagone, 1987
Source : Haaretz www.haaretz.co.il
Traduction de l’hébreu : Michel Ghys
Version anglaise : What a strange ’abroad’ - www.haaretz.com
Du même auteur notamment : Se faire tuer pour une illusion.
Source : Info-palestine.net www.info-palestine.net

4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net
Ndlr : PS : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information
4-1 Gideon Lévy : Des enfants de l’âge de Taïr.
Un enfant par semaine, quasiment chaque semaine. Au cours de ces dernières semaines, j’ai à nouveau rapporté ici les circonstances dans lesquelles plusieurs enfants et adolescents étaient morts sous les balles de soldats de l’armée israélienne. A nouveau un vent mauvais souffle sur l’armée et personne n’en parle. Une armée qui tue des enfants n’est pas un sujet de préoccupation pour le public. Et aucune commission d’enquête n’a été ni ne sera instaurée à ce propos-là. Mais l’armée israélienne, qui tue des enfants avec tant de légèreté, et qui, en la matière, apporte à ses soldats un soutien plein et entier, ne devrait pas nous troubler moins que la situation des réserves de fournitures de guerre dans le nord du pays. Les répercutions d’une telle conduite ne sont pas seulement d’ordre moral. Elles portent aussi, en fin de compte, sur la capacité opérationnelle d’une armée pour laquelle ce sont des enfants qui se retrouvent comme cibles dans la ligne de mire de ses soldats.
Jamil Jabaji, l’enfant du camp d’Askar, qui aimait les chevaux [1], a été abattu d’une balle dans la tête par les soldats d’une jeep blindée alors qu’il était parmi un groupe d’enfants qui leur lançaient des pierres. Il avait 14 ans. Il est le quatrième enfant abattu dans le secteur, dans des circonstances semblables. Abir, la fille d’un membre de l’organisation « Combattants pour la Paix », Bassam Arami [2], est sortie de son école à Anata au moment où, à bord d’une jeep, des garde-frontières israéliens rôdaient aux abords de l’école - personne ne sait dans quel but - lançant des grenades lacrymogènes sur les enfants qui leur lançaient des pierres. C’est apparemment une de ces grenades qui a atteint Abir à la tête. Elle avait 11 ans. Taha Aljawi a été touché près de la clôture du champ d’aviation abandonné d’Atarot : les soldats lui ont tiré une balle dans la jambe et il semble bien qu’ils l’aient laisser perdre son sang jusqu’à sa mort. C’était le huitième enfant à se faire tuer là dans des circonstances comparables. Il n’avait pas 17 ans. [3]
Tous ces enfants ont été abattus de sang froid, alors qu’ils ne mettaient en danger la vie de personne. En dehors du cas de Jamil, l’armée israélienne n’a pas pris la peine d’ouvrir une enquête sur les circonstances de leur mort, pas plus que pour la majorité écrasante des autres enfants tués. Le fait qu’on n’enquête même pas montre à l’évidence qu’il n’est pas dans l’intention de l’armée de mettre fin aux assassinats d’enfants. Cela ne trouble même pas les commandants de l’armée.
Le dernier cas, celui de Taha, est peut-être le plus grave de tous : le porte-parole de l’armée israélienne couvre la décision d’ouvrir le feu à balles réelles en direction d’un groupe d’enfants qui étaient peut-être occupés à saboter la clôture en fil de fer, comme l’affirme l’armée israélienne, ou qui jouaient peut-être au football près de la clôture, comme l’assurent les enfants - le tout en plein jour. Pas un mot de regret, pas un mot de condamnation, seulement la justification totale d’un tir à balles réelles, opéré de loin, en direction d’enfants non armés, sans sommations.
Taha est mort d’une balle dans la jambe et, d’après le témoignage de ses amis, il aurait perdu son sang pendant une bonne heure, dans le fossé boueux où il s’était effondré. L’affirmation du porte-parole de l’armée israélienne selon laquelle il aurait immédiatement reçu des soins médicaux ne s’accorde pas avec le fait que Taha était blessé à la jambe, blessure dont on ne peut mourir que par une hémorragie relativement prolongée.
Mais même si on lui a porté immédiatement assistance, comme l’affirme l’armée israélienne, sommes-nous prêts à accepter des procédures d’ouverture de feu qui autorisent d’ouvrir le feu à balles réelles, de loin, sur des adolescents non armés ? N’y a-t-il pas d’autres moyens pour disperser des adolescents « suspects », comme dit le porte-parole de l’armée israélienne ? Qu’est-ce qui passe par la tête d’un soldat qui pointe son arme en direction d’un groupe comme celui-là et qui tire à balles réelles, meurtrières, fauchant d’aussi jeunes vies ? Quel message terrifiant l’armée israélienne fait-elle passer à ses soldats lorsqu’elle appuie un tel acte inhumain ?
Ces récits, comme tous ceux qui leur ressemblent, c’est à peine s’ils sont accueillis chez nous avec un mince murmure. Certains n’ont même pas droit à un compte-rendu dans les informations. Qu’un enfant palestinien, garçon ou fille, soit tué ne trouble pas la quiétude de la population israélienne. La Cisjordanie est tranquille, il n’y a quasiment pas d’attentats, l’attention se porte sur d’autres sujets, et sous le couvert de ce calme illusoire et temporaire, nos soldats, les meilleurs de nos fils, tuent des dizaines d’enfants et d’adolescents, une routine, loin des regards.
C’est à juste titre que le pays s’est ému du meurtre de Taïr Rada, cette innocente fillette de 13 ans, tuée brutalement dans son école, à Katzrin. Quelle différence y a-t-il entre le meurtre de Taïr et celui d’Abir, tuée elle aussi au seuil de son école ? Entre Abir et Taïr, il y a le fait qu’Abir était palestinienne et Taïr israélienne. Israélienne ? Taha était lui aussi détenteur d’une carte d’identité bleue, israélienne. Mais il était palestinien. Quelqu’un est-il prêt à soutenir sérieusement que le soldat qui a visé la tête de Jamil n’avait pas l’intention de le tuer ? Le deuil est le même, l’horreur est la même. Tout comme Taïr faisait la joie de la vie de ses parents, Abir faisait la joie des siens : une petite fille qui voulait devenir ingénieure quand elle serait grande. Mais alors que des doutes subsistent quant à l’identité du meurtrier de Taïr, il est très facile d’identifier ceux qui ont tué Taha, Jamil et Abir. Ils ne sont, chez nous, même pas stigmatisés ; ils ont droit à une immunité automatique, sans enquête. « La marque de Caïn ne paraîtra pas / chez le soldat qui tire / visant la tête d’un enfant / sur un repli du terrain / près de la clôture du camp de réfugiés... », écrivait Aharon Shabtai dans son poème « Culture ».
Des soldats ont ainsi tué 815 enfants et adolescents au cours des sept dernières années. Tout le système de justifications à la mort, terrifiante, de plus de 3000 personnes adultes au cours de la même période, s’effondre dès lors qu’il s’agit d’enfants. Quelqu’un devrait entendre l’appel émouvant du père endeuillé d’Anata, qui disait qu’il ne perdrait pas la tête pour avoir perdu son cœur : « Je ne veux pas me venger. Ma vengeance, c’est que ce héros, que ma fille avait mis en danger et qui a tiré sur elle, comparaisse en justice. Ils envoient un gamin de 18 ans avec un M-16, ils lui disent que nos enfants sont ses ennemis et il sait que personne ne passera devant un tribunal ; alors il tire de sang froid et devient un meurtrier » [4]. Le tout exprimé dans un hébreu courant qu’il a amélioré au fil de conférences qu’il a données dans tout Israël - pour dire combien la paix est nécessaire.
Gideon Lévy
20 février 2007
Des enfants de l’âge de Taïr
Source : Haaretz www.haaretz.co.il
Traduction de l’hébreu : Michel Ghys
Version anglaise : Tair’s Palestinian peers - www.haaretz.com
Source : Info-palestine.net www.info-palestine.net
4-2 Aloufoc : Le sommet de Jérusalem s’achève sur de vagues promesses.
Le sommet entre Ehud Olmert et le président palestinien Mahmoud Abbas organisé lundi à Jérusalem par Condoleezza Rice n’a vraisemblablement pas permis de relancer le processus de paix dans la région.
Au cours de cette réunion, qui n’a duré que deux heures, Abbas et Olmert sont convenus de se revoir dans un proche avenir et Rice a promis de revenir dans la région.
"Nous affirmons tous les trois notre engagement en faveur d’une solution à deux Etats et sommes d’accord sur le fait qu’un Etat palestinien ne peut naître de la violence et de la terreur", a dit Rice, en lisant le communiqué final adopté à l’issue du sommet.
Elle a ajouté que les deux hommes avaient "réaffirmé leur acceptation des accords et des engagements passés", et notamment leur attachement à la "feuille de route" internationale, qui détaille les mesures dans le cadre du processus de paix.
Un responsable américain a affirmé que la rencontre entre Abbas et Olmert aurait lieu "dans les prochaines semaines".
Un conseiller d’Abbas a précisé que des responsables des deux parties se retrouveraient dans une dizaine de jours pour préparer la nouvelle rencontre.
Aucune conférence de presse commune n’a été organisée après le sommet et ni Abbas ni Olmert n’accompagnaient Rice quand elle a lu le communiqué.
"On a estimé que ce n’était pas la bonne façon de conclure ce sommet", a dit Rice aux journalistes voyageant avec elle et qui l’interrogeaient sur l’absence de conférence de presse.
Quand ce sommet avait été annoncé le mois dernier, beaucoup s’attendaient à ce qu’Olmert et Abbas se penchent sur certains gros dossiers, comme le statut de Jérusalem, le retour des réfugiés ou les contours du futur Etat palestinien.
Mais Rice avait, par avance, réduit ses ambitions en estimant trois jours avant le sommet que ses chances de réussite avaient été "compliquées" par l’accord conclu une semaine plus tôt à La Mecque par Abbas avec les dirigeants du Hamas pour former un gouvernement d’unité sans que le mouvement islamiste s’engage pour autant à reconnaître Israël.
Elle a refusé de détailler la teneur des discussions entre Olmert et Abbas mais souligné qu’elles avaient porté sur "l’horizon politique" ainsi que sur l’accord de gouvernement entre le Fatah et le Hamas.
"Le véritable mérite (de ce sommet) est qu’ils se sont assis autour de la table pour discuter", a estimé Rice.
Un haut responsable palestinien qui a assisté au sommet a déclaré à Reuters : "Olmert a dit à Abbas pendant la réunion : ’Vous m’avez trahi’ en concluant un accord avec le Hamas. Le président Abbas lui a répondu : ’Vous ne m’avez rien donné et vous n’avez pas tenu vos engagements’."
Olmert a refusé de réagir à cette affirmation.
Olmert a déclaré après le sommet dans un enregistrement destiné à son parti, Kadima, qu’il était tombé d’accord avec les Etats-Unis pour boycotter le futur gouvernement d’union palestinien s’il ne satisfaisait pas aux trois exigences du Quartet - reconnaissance d’Israël et des accords passés et renonciation à la violence.
Rice a rappelé quant à elle que cette position était celle du "Quartette" de médiateurs (Onu, Etats-Unis, Russie et Union européenne). "(Je remercie Washington) pour cette position sans équivoque selon laquelle les Etats-Unis ne reconnaîtront pas un gouvernement qui n’accepte pas les principes du Quartet", a dit Olmert.
Saëb Erekat, un proche d’Abbas, a souligné que Rice avait clairement affirmé que le gouvernement palestinien devrait "accepter les accords passés".
A Gaza, le Premier ministre Ismaïl Haniyeh, qui est issu du Hamas, a déclaré que les Etats-Unis devaient revoir leur position car la création d’un gouvernement d’union palestinien élargit selon lui la marge de manoeuvre politique.
Le "Quartette" doit se réunir mercredi à Berlin pour discuter de ce sommet et des perspectives qu’ouvrent la formation d’un gouvernement palestinien d’union.
2 - L’autorité d’occupation déjoue un attentat, des suspects palestiniens interpellés
La police de l’autorité d’occupation a arrêté mardi un présumé poseur de bombe palestinien et plusieurs complices dans un appartement de Bat Yam, une banlieue de Tel Aviv, situé près de l’endroit où ils projetaient un attentat, a dit un porte-parole.
Selon la télévision, un attentat majeur a été déjoué et le principal suspect est originaire de Cisjordanie. La police a trouvé les explosifs dont il avait l’intention de se servir dissimulés dans une autre localité proche de Tel Aviv, a rapporté la télévision.
"La police a arrêté plusieurs individus, parmi lesquels le terroriste qui avait l’intention de perpétrer un attentat à la bombe à Tel Aviv", a déclaré Micky Rosenfeld, porte-parole de la police nationale.
Les arrestations ont été annoncées après un ratissage dans l’agglomération de Tel Aviv qui a paralysé la circulation pendant des heures.
Fin novembre, une trêve avec les groupes d’activistes a pratiquement mis fin aux violences jusqu’à l’attentat suicide du 29 janvier dans la cité portuaire d’Eilat, qui a tué trois personnes.
Le dernier attentat à la bombe à Tel Aviv remonte à avril dernier. Il avait fait 11 morts.
- Rice quitte la Jordanie après une tournée au Proche-Orient sans résultat
La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a quitté Amman mardi pour Berlin, où elle va tenter de convaincre le Quartette pour le Proche-Orient de jouer un rôle accru, après une tournée dans la région qui n’a pas apporté d’avancée majeure dans le processus de paix.
A Amman, Rice a rencontré le roi Abdallah II qui a plaidé pour la relance du processus de paix, au lendemain de sa rencontre à Jérusalem avec le président palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Ehud Olmert, aux résultats décevants.
La communauté internationale, particulièrement les Etats-Unis, doit "redoubler d’efforts pour réactiver la paix et ramener les deux parties (Israël et les Palestiniens) à la table des négociations", a dit le souverain jordanien devant Rice.
Les négociations israélo-palestiniennes sont dans l’impasse depuis près de sept ans. Le dernier plan de paix international, la Feuille de route, est resté lettre morte depuis son lancement à l’été 2003.
Le souverain jordanien a en outre espéré que "les Etats-Unis continueront à jouer un rôle majeur dans la relance de ce processus, en créant un climat favorable pour la reprise des négociations sur la base de deux Etats israélien et palestinien".
Rice a aussi rencontré les chefs des services secrets de Jordanie, d’Egypte, d’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, dont le soutien à M. Abbas dans sa lutte de pouvoir avec le mouvement islamiste Hamas est jugé "critique", selon un haut responsable américain.
Il s’agissait de déterminer comment ces pays peuvent contribuer aux questions de sécurité, selon la même source. Rice s’est également fait expliquer par le conseiller saoudien à la sécurité nationale, le prince Bandar ben Sultan, le contenu de l’accord de la Mecque du 8 février sur la formation d’un gouvernement palestinien d’union.
Cette visite du chef de la diplomatie américaine en Jordanie a coïncidé avec celle de M. Abbas, qui se rendra à partir de mercredi en Grande-Bretagne, en Allemagne et en France.
M. Abbas a jugé pour sa part que si la rencontre tripartite avait été "difficile et tendue", elle n’avait "pas été un échec". "Elle sera suivie d’autres rencontres", a déclaré le président palestinien à l’agence jordanienne Petra, soulignant qu’elle avait permis "d’explorer l’idée de George W. Bush de deux Etats".
Le roi Abdallah II, qui a rencontré séparément le dirigeant palestinien, lui a promis de soutenir le futur gouvernement d’union palestinien et d’intensifier ses efforts en vue d’obtenir la levée du boycottage imposé par l’Occident.
Israël et les Etats-Unis ont annoncé qu’ils ne négocieraient pas avec ce gouvernement palestinien, qui sera dirigé par le Premier ministre sortant, Ismaïl Haniyeh, s’il n’acceptait pas les trois conditions posées par le Quartette (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU) pour lever le boycottage politique et financier imposé au gouvernement palestinien.
Le Quartette, qui doit se réunir mercredi à Berlin en présence de Rice, exige une reconnaissance explicite de l’Etat d’Israël, des accords israélo-palestiniens conclus dans le passé et une renonciation à la violence, ce que le Hamas refuse.
A l’issue de la rencontre de Jérusalem, Mme Rice avait jugé que le Quartette pouvait jouer un rôle accru en renforçant Mahmoud Abbas dans son face-à-face avec le Hamas, considéré par Israël et les Etats-Unis comme une organisation terroriste.
"Un effort international d’équipe est requis pour aider à l’émergence d’un Etat palestinien" et "je veux que le Quartette joue un rôle politique", par exemple en facilitant l’application d’accords permettant d’alléger les restrictions imposées par Israël aux Palestiniens, a-t-elle ajouté.
Al-Oufok : Mouvement Démocratique Arabe
http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=3708
mercredi 21 février 2007
4-4 Olivia Zemor : La situation est toujours aussi inquiétante en Palestine.
Chères amies, Chers amis,
La situation est toujours aussi inquiétante en Palestine, où comme nous l'avons décrit
(cf notre site http://www.europalestine.com ) tout est fait par l'occupant et l'administration Bush pour provoquer des violences : armement de milices palestiniennes, travaux aux abords de la mosquée Al-Aqsa, poursuite de la colonistation, sans parler des Palestiniens tués, blessés, arrêtés et détenus par le gouvernement israélien.Par ailleurs, les préparatifs américano-israéliens en vue d'une attaque contre l'Iran, ainsi que le métraquage médiatique sur la "menace" que constituerait le nucléaire iranien sont particulièrement alarmants. Et ce d'autant plus que les dirigeants européens sont d'accord pour emboiter le pas à cette nouvelle entreprise guerrière, y compris les politiciens qui se disent de gauche, comme Madame Royal qui fait de la surenchère va-t-en guerre sur le sujet.Est-il besoin de rappeler que si l'arme nucléaire est dangereuse, elle doit être interdite partout et non à la tête du client ? Pourquoi approuver sa détention par de très nombreux pays, dont l'Inde, le Pakistan, et surtout Israël qui a montré pas plus tard que l'été dernier son manque absolu de retenue (la fameuse "démesure) quand il s'agit de manier des armes de destruction massive, des bombes à fragmentation, et de frapper sans distinction femmes, enfants, vieillards et infrastructures de toute première nécessité ?Nous sommes très préoccupés par le fait qu'en France, dans le contexte électoral actuel, aucun candidat, aucune candidate, ne se lève pour dire NON !
Non à cet étranglement du peuple palestinien, à cette occupation qui dure depuis des décennies, non aux guerres barbares dans lesquelles on voudrait nous entraîner.
Des micros leur sont tendus; qu'attendent les candidats à la présidentielle pour dénoncer ce dangereux arbitraires ? Les salaires, les retraites, l'environnement font certes partie de nos préoccupations, mais comment pourrons-nous nous sentir en sécurité tant que le droit international sera bafoué, les violences partout exacerbées dans le monde, et le deux poids, deux mesures ainsi généraliser ? A l'heure de la "mondialisation", de la "globalisation" comment les candidats qui briguent nos voix, comptent-il gérer nos destinées en faisant abstraction de ces problèmes fondamentaux, ou en se déclarant favorables à des agressions de différents peuples, en fonction des intérêts du gouvernement américain ou israélien ?
A l'heure, où l'opposition contre les invasions guerrières grandit aux Etats-Unis, Mmes Buffet, Voynet, Laguiller, MM. Besancenot, Bové n'ont-ils rien à dire sur ces sujets ?
Nous avons interpellé les candidats (lettre recommandée) pour leur demander quels engagements ils comptent prendre pour faire appliquer le droit au Proche-Orient, sachant que la France favorise aujourd'hui descollaborations de plus en plus nombreuses, y compris militaires, avec l'occupant israélien. Vous trouverez-ci dessous le courrier que nous leur avons adressé. Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant de leur réponse (ou de leur absence de réponse).
Il est clair que nous ne soutiendrons, aux présidentielles comme aux législatives, que les candidat(e)s qui s'engagent clairement sur les trois points essentiels que sont pour nous :
- le respect du droit en Palestine,
- la nécessité d'agir contre la guerre
- la lutte contre le racisme et l'islamophobie qui sévissent de plus en plus gravement en France.

Nous espèrons que des candidats auront le courage d'exprimer haut et fort ces principes, sans lesquels les notions d'égalité, fraternité et liberté ne sont des mots creux.
Et nous disons dès maintenant, puisque nous sommes partis pour près de 5 mois supplémentaires de campagne électorale, que nous serons présents dans la campagne des législatives, en soutenant activement les candidats qui s'engageront à porter ces valeurs, et en présentant des candidats là où nous n'aurons trouvé aucun parti pour le faire. Nous vous demandons, à ce propos, de prendre contact dès que possible avec les députés et candidats députés de votre circonscription pour leur demander s'ils acceptent d'intégrer ces trois thèmes dans leur programme, et nous vous remercions de nous tenir informés de vos démarches et de vos suggestions dans ce domaine.
olivia.zemor
Annexes
Source : http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=43051
Lire aussi http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=43060 .
5 Annexes
Ndlr : PS : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information
5 -1 Discours de Nicole Borvo au CRIF.
Partie Palestinienne
... Enfin, il est certain qu’un règlement politique des conflits, en particulier le conflit israélo-palestinien, dans le respect du droit et de la justice pour le peuple palestinien, contribuerait à créer un climat plus favorable au rétablissement d’une sécurité partagée dans « un monde plus sûr » pour reprendre le titre d’un important rapport de Kofi Annan. C’est aussi à ce titre que tous les Etats de la région sont concernés, y compris, évidemment, Israël.
En cette année 2007, nous allons en effet marquer le 40ème anniversaire de la guerre de juin 1967 et l’adoption de la résolution 242 qui demande le retrait israélien des territoires occupés.
La France et ses partenaires européens devraient, à notre sens, rappeler que la paix au Moyen-Orient et une sécurité garantie durablement pour tous dans la région, seront aussi le fruit du respect des résolutions de l’ONU, de la fin de l’occupation et de la colonisation, et de la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967.
Il y a des causes politiques multiples à l’insécurité, aux tensions, à la violence, au terrorisme. Ce sont ces causes qu’il faut traiter. Il y a même urgence à le faire car la situation au Moyen-Orient est dramatique et les risques particulièrement élevés. C’est un défi de grande portée qui appelle selon nous des changements importants dans la conception que l’on se fait des relations internationales et des pratiques qui vont avec. On ne peut continuer comme on le fait aujourd’hui, sauf à prendre des risques graves pour l’avenir.
Cela nous concerne tous.Intervention de Nicole Borvo, Sénatrice Présidente du Groupe communiste républicain et citoyen Meeting du CRIF 13 février 2007

Commentaires de Marco Gentilly :
« s’adresser régulièrement aux autorités iraniennes contre l’arbitraire, contre les emprisonnements injustifiables, … » ais je lu, mais pas de condamnation du kidnapping des responsables politiques palestiniens, des élus nationaux et des ministres, pas d’allusion / condamnation des Etats qui pratiquent l’assassinat ciblé en dehors de ses frontières, y a-t-il des degré d’injustifiable ?? Ou bien es-ce une volonté du PCF d’argumenter et segmenter les « valeurs universelles » au regard du public attendu ???

2- Au détour d’une phrase l’armement nucléaire Israélien est évoqué, un peu caché dans un fagot, et là encore pas de condamnation du Kidnapping de Mordechaï Vanunu [1] en Italie, son emprisonnement de 18 années, mais surtout les contraintes policière et judiciaire qu’il subit depuis sa sortie véritable déni de droit humain, de droit démocratique, qui pour suivre le fil du discours de Nicole Borvo est digne du régime Iranien.

3- Pas d’allusion au fait qu’Israël n’a jamais été soumis à un contrôle, mais de plus est, jamais son cas évoqué par les instances internationale ! Y compris depuis la reconnaissance de Facto par Olmert qu’Israël possède des têtes nucléaires.

Non je trouve ce discours très droitier, loin de valeurs qui sont celles des communistes et loin de cette citation de Jaurès à propos de dire la vérité.
Ne pas évoqué au meeting du CRIF, organisation communautariste s’il en est, organisation militante sans retenu pour la défense du colonialisme, la barbarie israélienne, le militarisme de cette société, et le danger que fait courir à la PAIX cet Etat nucléarisé, militariste, colonialiste et raciste [2] depuis fort longtemps. Faut-il rappeler qu’Israël n’a jamais fourni une carte ou le moindre élément définissant ses frontières futures, et en conséquence les frontières de l’Etat Palestinien !!!!
C’est un acte de complicité par omission volontaire de vérité criante… Ce n’est pas, pour moi, en loin s’en faut un modèle d’acte de courage politique, et sans polémiquer, mais avec beaucoup d’amitiés envers toi et Jean Claude, ce texte ressemble au vote des pleins pouvoirs de 1956 qui heureusement a vu la grandeur de Robert Ballanger seul député PCF à ne pas les avoir votés.
Marco Gentilly
[1] Tecnicien israélien, à la centrale nucléaire de Dimona qui a prouvé l’existence de l’armement nucléaire israélien
[2] consulter les sites israéliens qui fournissent les statistique sur la réalité economique / sociale de la minorité arabe israélienne
De : marcogentillysamedi 17 février 2007